Agrégats monétaires de la Suisse

Une mise à jour, des corrections, de nouvelles analyses et de nouvelles conclusions s’imposent au sujet des agrégats monétaires de la Suisse…

D’après les chiffres publiés par la BNS, une hypertrophie considérable de la masse monétaire M3 apparait clairement lorsqu’elle est exprimée en fonction du PIB annuel courant,

Document 1 :

Pour rappel, M3 devrait représenter normalement un peu moins de 80 % du PIB annuel courant.

L’augmentation de M3 s’est produite surtout après les grandes turbulences financières marquées par la faillite de la banque des frères Lehman.

Document 2 :

Cependant, une grande partie de cette masse monétaire M3 est composée de capitaux ayant fui la zone euro pour se réfugier en Suisse afin d’échapper à l’€-crash et au retour de monnaies nationales, ce qui apparait clairement dans le poste des comptes de virement des banques en Suisse du passif de la BNS, cf. mes articles à ce sujet,

Document 3 :

Or, il s’agit là d’argent exogène, c’est-à-dire d’argent qui n’est pas généré par l’activité propre en Suisse et qui joue donc un rôle… passif.

Dès lors, il est logique de soustraire cet argent exogène de M3 afin que cet agrégat donne une image fidèle de la réalité de l’argent gagné qui circule en réalité en Suisse.
L’évolution de la masse monétaire M3 endogène se présente alors tout à fait différemment,

Document 4 :

Et ô surprise, cette masse monétaire réelle fluctue dans une bande de 80 à 85 % par rapport au PIB annuel courant depuis 2016, ce qui est presque parfait !

Document 5 :

Cette analyse de la masse monétaire apporte des éléments nouveaux qui justifient que la Suisse puisse conserver sa réputation de pays refuge et fiable pour les capitaux dans un environnement financier non fiable.

Cependant, les 477 milliards de francs de ces capitaux provenant de la zone euro représentent 70 % du PIB annuel courant, ce qui peut présenter des risques considérables lors de l’€-crash à venir bien qu’ils soient investis en titres, dont de la zone euro !

Les deux big banks too big to fail (UBS et Crédit Suisse) qui ne respectent pas les règles prudentielles d’endettement font peser elles-aussi des risques considérables aux petits Suisses mais à partir de capitaux provenant de pays étrangers.

Les gens de la BNS, c’est-à-dire ses dirigeants et leurs collaborateurs font l’erreur de ne pas obliger ces banksters à respecter les règles de bonne gestion bancaire pourtant imposées par le Conseil Fédéral.

Pire : ils imposent aux entreprises suisses (et aux épargnants) des taux négatifs qui n’ont aucune justification par rapport à la situation monétaire helvète, ce qui les pénalise considérablement alors qu’ils auraient dû pénaliser au contraire les seules entrées indues de capitaux provenant de pays étrangers et en particulier de la zone euro.

Par ailleurs, il faut rappeler que ces gens de la BNS n’ont manifestement aucune culture monétariste comme le prouve le fait qu’ils comptabilisent dans l’agrégat monétaire M1 les encours des comptes courants des particuliers et des entreprises (comme les Marioles de la BCE) alors que seuls ceux des particuliers font partie de cet agrégat M1, les trésoreries des entreprises devant être comptabilisées dans l’agrégat M3-M2.

La dissociation entre l’argent (endogène) gagné circulant dans une nation et l’argent (exogène) introduit dans cette nation à partir de la fuite de capitaux d’autres nations mise en évidence ici dans le cas de la Suisse est une innovation inattendue qui prend de l’importance dans la mesure où les risques liés aux flux internationaux de capitaux sans contrepartie réelle augmentent.

Une fois de plus, l’existence de cette monnaie unique contre nature qu’est l’euro aura de graves conséquences partout dans le monde… après les midterms.

Cliquer ici pour accéder aux statistiques de la BNS d’où sont tirés les chiffres de ces graphiques.

15 réflexions sur “Agrégats monétaires de la Suisse”

  1. Les entrées indus des pays de la zone euro sont bel et bien pénalisées, j en veux pour preuve mes frais de tenue de compte dans ce beau pays qui sont plus élevés que pour les residents.

  2. Bonjour,
    Vous rapportez régulièrement que les masses monétaires sont hypertrophiées par rapport au % PIB.
    Mais les Bàquiers responsables de cette gestion font courir quel risque précisément ?

    Une hyperinflation (des que cet argent augmentera sa vitesse de circultatiin)???

  3. Bonjour,

    Toujours intéressant de connaître les agrégats de pays voisins. Serait-il possible d’avoir un éclairage sur ceux du Royaume uni à quelques mois de la sortie de ce dernier de l’UE ainsi que sur ceux de pays comme le Danemark et la Norvège?

    Bonne journée

  4. Jean-Pierre, pourrez-vous nous expliquer un jour dans un langage simple pourquoi des investisseurs prêtent à un pays à taux négatif ?

    Je peux comprendre que des banques « rémunèrent » les comptes de leurs clients à coup de taux négatifs : cela signifie que le client paye pour placer ses avoirs, c’est tout bénéfice pour la banque. Par contre je n’arrive toujours pas à comprendre comment un état peut proposer des emprunts à taux négatifs. Tout investisseur normalement constitué devrait chercher un minimum de rendement, étant entendu qu’il a le choix d’aller placer ses capitaux ailleurs. Pourquoi placer des milliards d’€ ou de $ à -0,2% dans un pays AAA si un autre pays AAA propose +0,2% ?

        1. pour rechercher passer sous google par exemple agrégats site:chevallier.biz
          Ici agrégats est le mot clé… On peut mettre une phrase etc… suivi au final de site:chevallier.biz

          1. Pour tenter de répondre à Benoit, d’après ce que j’ai compris …
            – certaines institutions doivent légalement avoir une part de leurs capitaux investis en obligation d’état (soit disant pour la stabilité de ces institutions, afin qu’elles ne mettent pas tous leurs sous dans le casino de la bourse et fasse faillite). Donc là, pas le choix …
            – parce que nous, individus, voulons des assurances vies garantie en euro (donc le sous-jacent c’est l’obligation d’état).
            – parce que certaines personnes (ou entreprises) ayant de grosses liquidités ont tellement peur de la faillites des banques qu’elles préfèrent payer un intérêt négatif pour qu’un pays garantisse leurs avoirs plutôt que de les laisser dormir sur des comptes et risquer de se retrouvé sans en cas de faillite de la banque

            – parce qu’il y a tellement d’argent en circulation (suite à l’activation de la pompe à phynance), et que le marché obligataire est le seul apte à recevoir autant de dépôts (je ne sais plus mais il est peut être du style 20 fois plus important que le marché boursier total …).

            Voilà, c’est pas la réponse d’un expert … mais de quelqu’un qui cherche aussi à comprendre comment / pourquoi le système marche sur la tête …

    1. @Benoit C. c’est l’offre et la demande. Plus les prêteurs sont nombreux à vouloir sécuriser leur argent dans des pays bien gérés et ces pays peuvent se permettre de baisser leur taux, jusqu’à atteindre 0 et même moins.

  5. Stéphane Rivière

    Bonjour, pourriez- vous analyser pour nous l’actionnariat de ces deux banques systemiques ?

    J’ai le souvenir d’un Ami banquier Suisse qui me disait en apparté qu’UBS etait controlée par wall street..

    Merci !

Répondre à Rod Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.