La Banque de France vient de publier les chiffres de la balance des paiements du mois de juillet 2012. Tout le monde devrait en parler car c’est très important …
La balance des transactions courantes qui synthétise le résultat de l’ensemble des activités courantes d’une nation vis-à-vis du reste du monde montre une dégradation étonnamment régulière depuis que la Banque de France publie ces chiffres, c’est-à-dire depuis le début de l’euro-système, quelle que soit la couleur du gouvernement avec un déficit de 2,5 milliards d’euros pour ce dernier mois,
Graphique 1 :
L’ardoise se monte maintenant à 192,5 milliards d’euros depuis mars 2005, nouveau record,
Graphique 2 :
Les conséquences en sont occultées par l’existence de la zone euro et par les achats massifs de mauvais bons du Trésor français par des investisseurs à l’étranger, imprudents, ignares et crédules qui commencent à se méfier quand même de ce cochon de pays du Club Med.
Le déficit de la balance commerciale de ce mois a été de 4,6 milliards d’euros contre 6,1 milliards le mois précédent et des excédents de 16,9 milliards pour l’Allemagne !
Graphique 3 :
C’est à nouveau le grand plongeon mais aucun journaleux, aucun bonimenteur n’en parle.
Depuis juillet 2011, ce déficit fluctue aux alentours de 70 milliards d’euros sur les 12 derniers mois avec des records historiques atteints en octobre 2011 à 74,4 milliards (nouvelle série),
Graphique 4 :
Depuis juin 2004, le cumul des déficits des biens seuls atteint un nouveau record de 369,6 milliards d’euros,
Graphique 5 :
Comme la France n’est plus compétitive vis-à-vis de l’étranger, surtout avec un euro fort, les entreprises étrangères ont peu investi en France (6 milliards d’euros) alors que les entreprises françaises ont davantage investi à l’étranger : 11 milliards, la tendance du déficit des IDE (Investissements Directs Etrangers) se poursuit depuis l’adoption de l’euro,
Graphique 6 :
La première augmentation des déficits des IDE est due à l’action de la dame des 35 heures qui est maintenant proche du pouvoir et qui pourrait produire les mêmes effets, la seconde vague est celle qui a été provoquée par les turbulences financières initiées par le bombardier furtif B-2, Ben Bernanke, sur laquelle a surfé notre histrion ignare mais son successeur fait manifestement peur aux investisseurs.
Depuis l’adoption de l’euro, le cumul des déficits des IDE atteint 634,2 milliards d’euros, record historique vertigineux dont personne ne parle !
Graphique 7 :
Comme je l’ai écrit à maintes reprises, les déficits des différentes rubriques de la balance des paiements sont obligatoirement compensés par des transferts comptabilisés dans cette rubrique absconse N.4.700. Compte financier, Autres Investissements, Transactions nettes, France vis-à-vis du reste du monde, Solde, Non CVS-CJO, Mensuel, correspondant à la dette nette de la France vis-à-vis de l’étranger quand les transferts de capitaux libres ne peuvent pas le faire.
Le montant de la dette nette apparente de la France est maintenant redevenu négatif, ce qui est moins inquiétant en apparence que pendant les grandes turbulences financières,
Graphique 8 :
Comme je l’ai écrit précédemment, ces transferts proviennent des excédents allemands, des investissements en portefeuille en France d’opérateurs à l’étranger et indubitablement par le rapatriement de milliards de dollars empruntés par les Gos banques françaises aux Etats-Unis pour ne pas être en défaut de paiement dans cette devise ce qui cache l’ampleur des déficits réels (plus de 1 000 milliards d’euros !).
L’€URSS ne survit (miraculeusement) que grâce aux largesses allemandes (et aux acrobaties des banques), mais ça ne peut pas durer éternellement…
Les Européens se seront détruits eux-mêmes par leur manque de culture économique et financière, ce qui est quand même assez surprenant, mais vu les réactions des uns et des autres, tout à fait compréhensible.
Dans ces conditions, il est évident qu’il aurait fallu prendre les bonnes décisions qui s’imposaient…
Bonjour,
A quoi attribuer le léger « mieux » visible sur le graphique en juillet 2012: à une hausse des exportations ou à une baisse des importations consécutive à une baisse de la consommation intérieure? Nicolas Baverez, sur France Culture ce matin, était plutôt pessimiste quant au futur (http://www.franceculture.fr/emission-les-matins-de-la-france-a-l%E2%80%99allemagne-pourquoi-le-traite-europeen-fait-debat-2012-09-12) si rien n’est fait mais je ne vous apprend pas grand chose.
Ceci dit, j’espère bien que vous vous fendrez d’un billet sur les conséquences que va entraîner la décision de la Cour constitutionnelle allemande qui a autorisé ce jour l’adoption par Berlin des derniers mécanismes de sauvetage de la zone euro, (http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/09/12/fonds-de-sauvetage-europeen-feu-vert-de-karlsruhe-sous-condition_1758944_3234.html).
Merci d’avance et bonne journée
Il y a toujours de fortes variations d’un mois à l’autre, il faut voir la tendance lourde qui est mauvaise depuis les années €…