Dexia, la Générale et la France

Comme tout le monde l’a remarqué, Dexia qui a victorieusement réussi les tests de stress des banques européennes aura été le premier domino à tomber.

Pour capitaliser Dexia en respectant les règles prudentielles d’endettement (un multiple, leverage en anglais, mon µ, de 10 correspondant à un ratio Tier 1 réel de 10 %), il faudrait que les Etats français et belges augmentent le montant de ses capitaux propres de… 40 milliards d’euros !

Résultat : les investisseurs avisés, c’est-à-dire les bons spéculateurs, se détournent de l’ersatz de monnaie nationale française que sont les bons à 10 ans du Trésor dont les rendements montent (2,606 %) par rapport à ceux du Bund (1,754 %) si bien que l’écart entre eux augmente depuis ces deniers jours jusqu’à …48,6 % ce qui correspond à la dévaluation potentielle du franc français par rapport au deutschemark à sa juste valeur de marché (à 11 heures),

Dexia avait un leverage réel de 55 au 1° trimestre 2011 comme je l’ai écrit après la publication de ses résultats. Les mécanos de la Générale ont un leverage de 50 fin juin selon les mêmes méthodes de calcul que j’applique en suivant les préconisations de ce bon vieux Greenspan.
Il ne faudra pas s’étonner le jour où les mécanos appelleront les constribuables à leur secours : il faudrait augmenter ses capitaux propres de 83 milliards d’euros pour que cette banque respecte les règles d’endettement.

Mes analyses sur les banques sont beaucoup plus fiables que tous les tests menés par la nomenklatura.

7 réflexions sur “Dexia, la Générale et la France”

  1. Quand on voit qu’il y a seulement 2 mois, on nous disait que les banques étaient en bon état !!!

    Si les Français avaient un peu de logique, ils foutraient dehors tous ces hommes politiques. Au lieu de cela, ils applaudissent le beau Hollande, qui a toutes les qualités que Sarkosy a perdues depuis longtemps.

    Question : combien de temps, après son élection, les Français mettront Hollande au banc des bannis ? Je lui donne maximum 6 mois pour que les Français préférent de nouveau Sarkosy (après tout, ils semblent maintenant adorer Chirac et Juppé, alors pourquoi pas Sarko dans quelques temps ?)

    Peuple de fous (malheureusement j’en fais partie…)

  2. Ce n’est pas je veuille minimiser la gravité de la situation, mais je suis un peu sceptique sur la signification actuelle du ratio entre le rendement de l’OAT 10 ans et du Bund, et sur votre déduction que le Franc est surévalué de 48% par rapport au Mark.

    Effectivement, le ratio est très élevé, mais ça reflète surtout le fait que le rendement du bund est en train de descendre à des niveaux ridiculement bas, puisque les investisseurs se ruent sur les bunds dans la mesure ou ils ne connaissent plus aucun autre placement qui ne soit pas spéculatif. Si le bund était à 0,0001% et que l’OAT était à 0,0003%, ça ferait un ratio de 3, pour autant on préfèrerait tous cette situation à celle ou le bund serait disons à 5% et l’OAT à 7%, soit un ratio de 1.4.

  3. Respect. Quoique dubitatif sur la forme, je dois avouer, pour vous lire depuis longtemps,
    que vous etes les plus probant des analystes sur l’état des banques…

  4. Concernant Dexia.

    L’Etat a investi 3b € dans Dexia en septembre 2008 lorsque celle-ci cotait 9,90€ par action. Aux manettes, le patron du FSI, un certain Augustin de Romanet.

    Aujourd’hui, Dexia cote 1.09 € par action soit une division par 9 du cours depuis l’acquisition par le FSI et une perte latente donc pour le « fonds stratégique » d’environ 2,7b €.

    L’Etat a donc déjà perdu 2,7b€ et si on en juge au projet de démentellement, la totalité des capitaux propres est probablement évaporée. Donc perte sèche de 3b€… (un certain Kerviel a fait à peine pire).

    Le montant des actifs pourris que pourrait racheter l’Etat Français grâce à la caisse des dépots (encore M. de Romanet, décidément) doit se situer entre 200b€ et 500b€, soit entre 10% et 25% du PIB français. On peut imaginer que la perte sur ces actifs est située entre 50% et 80%. Soit à la louche, entre 120b€ et 300b€ si je retiens une perte approximative de 60%.

    Une décision de cette nature ne doit-elle pas faire l’objet d’un vote à l’assemblée ? Ou d’un referundum ?

    C’est d’une extrème gravité et le peuple n’aura rien à dire ?

    Le plus incroyable c’est que la repsonsabilité pénale des dirigeants de ces institutions et de nos dirigeants n’est pas engagée.

  5. En Belgique, Didier Reynders est Vice-Premier ministre, Ministre fédéral des Finances et des Réformes institutionnelles.

    Vendredi 15 juillet 2011, Didier Reynders écrit un article à pleurer de rire :

    « Je me réjouis de la transparence accrue des résultats des stress tests, réussis par KBC et Dexia.

    En Belgique, KBC Banque et Dexia ont participé directement aux tests de résistance organisés à l’échelle européenne. J’ai pris connaissance des résultats de ces tests et je me réjouis de la transparence accrue liée à la publication de ces résultats et à la divulgation des risques souverains des groupes bancaires participants.

    Ces tests montrent que les deux banques disposent d’une capitalisation suffisante, bénéficiant de ratios Core Tier 1 nettement supérieurs au taux de référence de 5 % du scénario de stress.

    La détermination à prendre des mesures importantes pour répondre à la façon dont les investisseurs perçoivent la faiblesse prolongée du secteur bancaire européen constitue une partie importante de la réponse globale à la crise, telle qu’approuvée par le Conseil européen.

    Dans ce contexte, les objectifs du test de résistance mené à l’échelle européenne auprès de 90 banques pour la période 2011-2012 est d’évaluer la résistance du système bancaire européen dans des situations extrêmes.

    On notera que les tests de résistance qui constituent un élément normal de l’ensemble des instruments de contrôle des autorités de supervision, ne représentent pas une prévision. Le test de résistance vise à donner des moyens d’évaluer la résilience des banques participantes face aux pressions exercées sur la solvabilité dans une situation de stress plausible mais improbable.

    Les résultats de ce test permettent ainsi de savoir si le niveau de capitalisation des banques est suffisant pour résister à des conditions économiques et financières extrêmement défavorables, qui ne reflètent pas les évolutions attendues. »

    http://www.didierreynders.be/2011/07/15/je-me-rejouis-de-la-transparence-accrue-des-resultats-des-stress-tests-reussis-par-kbc-et-dexia/

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