Crédit Agricole SA : 2° trimestre 2011

Les péquenots du Crédit Agricole (SA, l’entité cotée) viennent enfin de publier leurs comptes du 2° trimestre 2011 : le multiple d’endettement µ (leverage) reste bloqué aux alentours de 33 depuis 2009 après avoir culminé à 38,6 fin 2008,
Tableau 1 :

Cdt Ag SA2008200920102011 Q12011 Q2
Total des dettes1 611,501 511,901 547,901 531,901 546,70
Capitaux propres41,745,545,746,547,1
µ (leverage)38,633,333,932,932,8
Tier réel (%)2,63333

Les sommes sont en milliards d’euros.

Conformément aux règles de Bâle III, les capitaux propres pris ici en considération n’incluent pas les minoritaires.

Ce tableau se lit de la façon suivante : au 30 juin 2011, le total des dettes se montait à 1 546,7 milliards d’euros, soit 32,8 fois (µ) le montant des capitaux propres qui s’élevaient à 47,1 milliards d’euros qui représentaient 3,0 % du total des dettes (le ratio Tier 1 réel).

L’endettement du Crédit Agricole est encore totalement hors normes car µ doit être inférieur à 10 ou autre formulation : le ratio Tier 1 réel doit être supérieur à 10 % dans le cadre de Bâle III.

Bien entendu, les péquenots du Crédit Agricole (SA, l’entité cotée) annoncent triomphalement que tout va bien et que le ratio Tier 1 est de… 10,5 % !

Comme je l’ai écrit à maintes reprises, ils calculent ce ratio selon les règles à leur convenance qu’ils ont fait adopter en collaboration avec les autres dirigeants des big banks européennes too big to fail.
Elles ne correspondent pas à celles qui sont préconisées par ce bon vieux Greenspan et qui sont suivies par les investisseurs avisés, c’est-à-dire les bons spéculateurs, qui prennent en considération les véritables capitaux propres et dettes sans tripatouiller les actifs (sans pondérations et autres manips folkloriques).

Il est intéressant de constater que les péquenots du Crédit Agricole sont moins malhonnêtes que les dirigeants de la BNP car ils comptabilisent les titres subordonnés dans les dettes alors que ceux de BNP font croire aux investisseurs crédules qu’il s’agit d’équivalents de capitaux propres, les pires étant les mécanos de la Générale qui incluent en toute impunité 25 milliards d’euros d’instruments de capitaux propres (comprenant en particulier des titres subordonnés et des actions de préférence) dans les capitaux propres alors que ce sont en réalité des dettes.

Les caisses régionales et locales sont mieux capitalisées et permettraient au Groupe Crédit Agricole de réduire un peu l’ardoise.

Dans ces conditions, les règles prudentielles d’endettement sont loin d’être respectées par nos Gos banques,
Tableau 2 :

2011 Q2BNPCdt Ag SASoc GenBPCETotal
Total des dettes1857,8631 546,701 135,501 010,605 550,60
Capitaux propres68,21647,122,546,7184,5
µ (leverage)27,232,850,421,730,1
Tier réel (%)3,7324,63,3

Pour respecter ces règles, comme le font les big banks américaines, il faudrait augmenter les capitaux propres de nos 4 Gos banques de… 385 milliards d’euros (pour un PIB de 1 986 milliards) soit 6 000 euros par habitant !

C’est bien entendu irréalisable.
Comme l’ont fort justement rappelé ce bon vieux Greenspan et son successeur, l’effondrement de la zone euro va avoir des conséquences historiques, y compris aux Etats-Unis.
Tout est simple.

Cliquer ici pour accéder aux rapports financiers du Crédit Agricole SA.

12 réflexions sur “Crédit Agricole SA : 2° trimestre 2011”

  1. Ce jeudi à 15h :

    CA : + 8%
    SG : + 6%
    BNP : + 4%

    Je vous fait cadeau des virgules, voyez comme je minimise les cours…

    Arrêtons de nous inquiéter, tout va bien 🙂

  2. Tes chiffres: 47 Mds de fonds propres, 1546 Mds de dettes
    Ou puis-je trouver ces deux chiffres dans les rapports financiers du CA?
    Dans la vidéo Michel Mathieu parle de 70 Mds de fonds propres…où est la vérité?
    L’action CA a bien aimé ces déclarations aujourd’hui 🙂
    Merci de ta réponse jp

      1. je pense savoir lire, donc revoici les chiffres du tableau 1 pour 2011 Q2:
        Total des dettes 1546,70
        Capitaux propres 47,1
        réponse à ma question? merci

  3. C’est marrant ces effets de foule.

    Buffet annonce qu’il met 5 milliards dans Bank Of America (qui assure qu’elle n’a besoin de rien) et tout le monde se met à acheter des titres de banques, comme si le messie avait annoncé que les problèmes étaient résolus.

    Soyons lucides, les CDS de BOFA ne baissent toujours pas de façon substantielle, ils restent même à des niveaux historiquement élevés. En fait, la banque pourrait même devoir lever entre 50 milliards et 200 milliards, tout dépend de son exposition aux dérivés en Europe…

    Buffet investit en prefered shares à dividende garanti de 6%. Autrement dit il ne subira pas les effets d’une dilution si le gouvernement devait autoriser une prise de contrôle par JP Morgan, ou en cas d’augmentation de capital (Buffet a des amis biens placés de toute façon).

    Ce qui devrait inquiéter le marché, et les petits porteurs, c’est l’accroissement de volatilité. Quelques jours avant sa chûte, Wachovia a eu des journées à +100% !! Peu de temps après elle perdait 99% de sa valeur pour finalement être donnée à Wells Fargo pour moins de 2$ par action.

    Bank Of America me fait penser à Wachovia, sur beaucoup de points : les deux avaient une excellente renommée de banque de détail, les deux avaient fait l’erreur de faire des OPA sur des banques aux actifs ultra-toxiques.

    L’investissement de Buffet ne sauvera pas BOFA ni les banques européennes.

  4. Les banquiers sont des menteurs vous le savez bien.

    Le µ que vous calculez est un bon indicateur, cependant cela suppose que le bilan face apparaître le niveau correct de provisions et de dépréciations que la banque doit passer; quant au hors bilan et aux instruments dérivés, ils peuvent être léthaux si le risque se matérialise brutalement. Or on sait que l’approche statistique retenue par les banques ne prévoit en général pas les black swans. Inutile de refaire le schéma des subprimes je présume ? Alors que dire du risque Gos Bank ? Est-il provisionné ?hmmmmm

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