Euro et productivités

Un petit complément s’impose à propos de l’euro et de la productivité…

La productivité par heure travaillée en France est effectivement l’une des plus élevées du monde, quelle que soit la source, c’est indubitable.

Les Français devraient donc être parmi les plus riches et les plus prospères du monde (bien plus que les petits Suisses !) avec un taux de chômage au minimum incompressible de 4 à 5 %, ce qui est loin d’être le cas !

En effet, ce qui compte, tous comptes faits, c’est la productivité globale, au niveau de la nation.

Il est difficile de la déterminer (du moins je n’ai pas trouvé de sources fiables à ce sujet).

Par contre, un indicateur s’impose : la position nette de la nation vis-à-vis de l’étranger, c’est-à-dire, tous comptes faits, le solde de la maison France par rapport au reste du monde dans le système financier et monétaire international.

En effet, certains pays ont une position nette excédentaire comme l’Helvétie (764 milliards de francs… suisses), d’autres ont nécessairement de ce fait une position nette déficitaire comme par exemple la France, comptabilité en partie double impose.

L’écart entre la productivité globale et la productivité horaire correspond à l’incidence de la productivité du secteur public et, disons, du système organisationnel.

La productivité horaire des fonctionnaires et des salariés des organismes français plus ou moins publics est faible, ce qui est bien connu, et contribue à la faiblesse de la productivité globale mais d’autres éléments jouent un rôle essentiel…

Ainsi par exemple, à partir du moment où les 35 heures ont été imposées en France, les entreprises ont été obligées d’augmenter la productivité horaire pour s’en sortir, mais globalement, au niveau de la France, la productivité (globale) n’a pas augmenté. Elle a même baissé par rapport à la plupart des autres pays comparables.

Il en est de même pour ce qui concerne l’euro : son adoption a entrainé une détérioration de la position nette de la France (cf. le déficit de la balance commerciale).

Ces problèmes ont été bien analysés et anticipés par les investisseurs : les investissements directs étrangers en France ont baissé et les investissements directs français à l’étranger ont augmenté.

D’après les chiffres de la Banque de France, depuis 1997, le cumul de ces déficits des investissements directs étrangers (IDE) se monte à près de 600 milliards d’euros !

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Cliquer ici pour agrandir le graphique qui correspond au graphique numéro 4 de mon dernier billet à ce sujet, cliquer ici pour le voir.

La nette dégradation des investissements directs étrangers en 1999 et 2000 s’explique a priori par l’adoption de l’euro et des 35 heures.

Depuis l’adoption de l’euro, la balance des paiements qui est prise en considération dans le système des règlements internationaux est celle de la zone euro et non pas celle de la France, ce qui a l’inconvénient de ne pas mettre en évidence la détérioration de la position nette de la France qui est pourtant connue et publiée dans la balance des paiements, mais compensée par les excédents allemands, cf. mes billets à ce sujet.

Plus le temps passe, plus la situation s’aggrave, ce qui signifie que le déficit de la situation nette de la France augmente.

La seule solution est la sortie de l’euro-système qui obligerait la France à augmenter sa productivité globale, en particulier en mettant fin aux 35 heures

Bien entendu, tous les hommes politiques (sauf rares exceptions pour diverses mauvaises raisons), tous les journaleux et tous les bonimenteurs défendent le maintien de la France dans l’euro-système.

Le comble de la propagande est atteint par cet article de la Pravda, cliquer ici pour le lire, qui, se référant à l’exemple de l’Argentine, prétend que c’est la fin de son arrimage au dollar des Etats-Unis qui y a provoqué la crise en 2002, alors que c’est au contraire le maintien de la parité peso-US$ qui a provoqué cette crise d’autant plus profonde qu’il a duré trop longtemps, 10 ans… comme l’euro !

Il était compréhensible que les Russes n’aient pas réagi pas du temps de l’URSS, mais en France, avec les moyens d’information dont nous disposons, l’obstination dans l’euro-erreur est incompréhensible.

4 réflexions sur “Euro et productivités”

  1. Bonjour,
    Je me demande comment la france remboursera ses dettes libellées een euro si elle revient au franc? Le poids de la dette sera alors encore plus important suite à la dévaluation..Plus le temps passe et plus la situation nette de la france visàvis de l’étranger s’aggrave ainsi que la dette. Euro système maintenu ou dévaluation et retour au franc le problème semble insolvable!?
    Merci pour vos articles éclairants

  2. Malheureusement, vous n’êtes pas du tout exhaustif dans la liste de ce qui diminue la productivité globale française :
    – arrivée tardive sur le marché du travail
    – personne allant jusqu’au bac pour finir dans des activités manuelles où un apprebtissage aurait été plus rapide
    – non sélection à l’université menant de nombreuses personnes à passer 1 ou 2 ans en première année pour en sortir sans diplôme
    – nombreuses filières surchargées de l’université ne menant pas vers le marché du travail (sport, psychologie, …), vers très peu de postes ou uniquement vers des postes à l’université/ recherche
    – âge de la retraite très bas (encore plus pour les régimes spéciaux)
    – réglementation importante (environnement, bruit, visuel, …)
    – formalités importantes avec les risques de redressement fiscales associés
    – secteur protégé important (hôpitaux publics, transport par car quasi interdit, taxis limités, professions protégés, corporations, …)
    – principe de précaution (OGM, cellule souche, médicaments …) Par exemple, les PME française fabriquant des drones font leurs essais en Espagne car cela est interdit en France …
    – investissement publiques inutiles ou non productifs (rond-points, dos d’ânes, chicanes, routes communales refaites tous les ans, villes fleuris sans touristes, équipements sportifs dans tous les patelins, salles des fêtes, hôtels de régions, …)
    – informatisation limités par limitation des données (CNIL)
    – écologie subventionnant massivement des équipements non rentables sans subventions (éoliennes, panneaux solaires, hydraulique locales, …)

    Et encore je pense que j’oublie plein de choses …

    De plus, je pense que le chômage important, qui touche préférentiellement les couches les moins éduqués de la population augmente artificiellement la productivité horaire …

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