Italie : l’euro m’a tuer !

Tout le monde est d’accord : la Grèce sortira de l’euro-système à la fin de cet été, comme le rapportent des articles de presse (sur la base de confidences concordantes faites par des personnes dites bien informées participant aux négociations sur les aides à apporter en urgence à l’Etat grec) et ce que j’en ai écrit à ce sujet, en conformité avec l’évolution de l’écart entre les rendements du Bund et du Schatz.

Après le Grexit, ce sera au tour de l’Italie de sortir de l’euro-système car l’euro a détruit la santé des entreprises italiennes qui étaient précédemment (avant son adoption) très performantes.

Le meilleur indicateur de l’Italyxit est le niveau de l’agrégat monétaire M3-M2 (qui correspond à la trésorerie des entreprises) : d’après la Banque (centrale) d’Italie, il est tombé à un plus bas de… 26 milliards d’euros seulement fin février !

Document 1 :

… ce qui représente moins de 2 % du PIB annuel, depuis le mois de juin 2014…

Document 2 :

… alors que l’agrégat M1 représente plus de la moitié du PIB annuel (depuis 2009) au lieu de tendre vers 15 % du PIB selon les normes américaines.

Ainsi, plus de 600 milliards d’euros se trouvent donc indument dans les poches (en tant que billets) et sur les comptes courants des Italiens alors que sur cette somme, 500 milliards auraient dû rester dans les entreprises pour qu’elles puissent survivre puis investir et vivre normalement.

En réalité, la situation est pire encore car, d’après des aveux de Matteo Renzi, l’Etat devait 60 milliards d’euros mi-2014 à des entreprises italiennes qui attendent en vain le paiement de leurs factures en attente, ce qui n’est pas comptabilisé dans la dette publique italienne.

L’effet létal de ciseaux des évolutions entre les agrégats, d’une part M3-M2 et d’autre part M1 et M2-M1 est une fois de plus très clair : l’abandon de la monnaie nationale laisse se développer sans la sanction de la dévaluation l’enrichissement apparent indu des ménages (par création monétaire) au détriment des entreprises.

Une grande partie du système productif disparait dans les pays dont les niveaux et les gains de productivité globale sont faibles (inférieurs à ceux de l’Allemagne) en particulier dans ces cochons de pays du Club Med.
Le naufrage est lent à apparaitre mais il est certain à terme.

La vieille Europe continentale aura été coulée par son ignorance du monétarisme, entrainée par les erreurs monumentales de ses dirigeants qui ont voulu damer le pion aux Américains qui conserveront ainsi leur leadership sur le Monde libre.

***

La Banque (centrale) d’Italie ne fournit pas actuellement de séries téléchargeables sur les données des agrégats monétaires. Les graphiques ci-dessus sont réalisés à partir des données mensuelles des années débutant en janvier 2013 et sur des données annuelles pour les années précédentes.
Une étude plus fine et complète sera faite dès que les données mensuelles depuis l’adoption de l’euro seront publiées par la Banque d’Italie.

8 réflexions sur “Italie : l’euro m’a tuer !”

  1. Ce qui me sidère c’est que les bourses flambent sur la zone euro !!
    Logiquement, avec un ratio M3-M2 / PIB si proche de zéro, on aurait dû se trouver dans un crise systémique…

    1. @ Bernard : sauf qu’il ne faut pas confondre trésorerie d’artisans / TPE / PME avec trésorerie des groupes du CAC40 et leurs filiales ! N’imaginez pas que Total, L’Oréal et consorts seraient assez incompétents pour héberger leurs gros sous sur le territoire fiscal et juridique instable et hostile qu’est la France des zheureux retraités fonctionnaires.

  2. génial, j’avais juste, mais pas pris le temps d’envoyer mon message assez vite
    je voulais répondre : d’après vos analyses précédentes, je dirais M3-M2 proche de zéro voire négatif (si c’est possible ?)

    1. Yena qui sont rapides !
      + : M3-M2 < 0 c'est a priori impossible, inimaginable, comme des rendements à 10 ans négatifs, et pourtant ça existe dans la zone € !!! ... ce qui est l'objet de ma 2° devinette !!!

  3. Bonjour, je tenais à féliciter les initiatives de JP et la ludicité (nouveau mot) tout comme la lucidité du site.

    Hé oui les indices européens continuent leur folle ascension. La chute n’en sera que plus raide (bulle).

    Faut-il commencer à « shorter » les indices européens comme l’ITA40 ?

    Techniquement rien ne l’indique ! Les 24100 points seront-ils jamais atteints ?

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