La Grèce et les marchés financiers

L’évolution des rendements des bons des Trésors qui sont à la base de tous les marchés permet de réduire l’incertitude face à l’avenir envisagable, en particulier par rapport à la Grèce…

Depuis l’annonce de la démission d’Axel Weber, les bons spéculateurs ont compris que la situation allait se détériorer à cause de la Grèce : ils ont augmenté leurs investissements dans les Notes à 10 ans qui sont le meilleur refuge habituel en cas de turbulences, ce qui a fait plonger leurs rendements,
Graphique 1 :

Le problème est actuellement de savoir si les rendements de ces Notes vont encore continuer à baisser sous la barre critique des 3 % (comme en 2010) ou rester à ce niveau avant de remonter par la suite.
Graphique 2 :

L’euro crise de 2011 sera-t-elle comme celle de 2010 ? La réponse sera donnée dans les jours et semaines à venir.
Des changements importants sont à relever par rapport à l’an dernier : les gens de la BCE et du FMI ne veulent plus continuer à financer les inepties grecques et notre histrion ignare ne saute plus comme un cabri en criant l’euro ! l’euro ! la solidarité européenne ne laissera jamais tomber la Grèce ! Il est calme et ne dit rien, l’éternel jeune Baroin se rangeant curieusement en son nom sur la position de la BCE.

La sortie de la Grèce de l’euro système serait le moindre mal pour ce qui restera de la zone euro.
Les rendements des Notes à 10 ans pourraient alors remonter dans leur zone normale de fluctuation
(ainsi que les indices d’actions),
Graphique 3 :

Cette solution aurait l’avantage de prolonger l’écart optimal entre les rendements des Notes à 10 ans et à 2 ans, ce qui signifie que la croissance du PIB des Etats-Unis se prolongera encore pendant un certain nombre de trimestres aux alentours de son potentiel optimal,
Graphique 4 :

Les rendements des bons à 10 ans des Trésors de la zone euro sont des ersatz de monnaies nationales qui montrent clairement que la Grèce est hors limites et qu’il est contreproductif pour tout le monde de continuer à la maintenir dans la zone euro,
Le PIB par habitant est de 19 772 euros en Grèce, soit 63 % de celui des Allemands (31 392 €). Avec de tels écarts, il est impossible et suicidaire que ce pays reste dans la même zone monétaire.
Graphique 5 :

Il en est de même pour le Portugal dont les rendements de ses bons remontent à nouveau très haut,
Graphique 6 :

Le PIB par habitant est de 16 294 euros au Portugal, soit 52 % de celui des Allemands. Avec de tels écarts, il est impossible et suicidaire que ce pays reste lui-aussi dans la même zone monétaire.

L’Espagne est dans une situation pire que celle de l’Argentine en 2001 avec une dévaluation potentielle de l’ordre de 80 % par rapport à la monnaie de référence : celle qui circule en Allemagne,
Graphique 7 :

L’Italie est dans une meilleure posture avec une dévaluation potentielle de l’ordre de 60 % contre 70 % pour l’Argentine en 2002,
Graphique 8 :

Pour la France, la dévaluation potentielle serait de l’ordre de 11 %, exactement comme celle de 1969 dans la mesure où les marchés ont peut-être exagéré la détérioration de sa situation à cause des incertitudes qui régnaient lors des crises précédentes, celles de 2008 (avec la faillite de la banque des frères Lehman) et celle de 2010 avec l’euro crise,
Graphique 9 :

Dans le meilleur des cas, la situation pourrait s’assainir avec la sortie de l’euro système de la Grèce et du Portugal, ce qui y créera quand même un certain désordre : un certain nombre de dominos euro-zonards vont tomber, en particulier des banques fortement engagées sur ces cochons de pays du Club Med.
Comme le prédisait l’ancien directeur du FMI : les constribuables euro-zonards vont devoir recapitaliser un certain nombre de big banks…

11 réflexions sur “La Grèce et les marchés financiers”

  1. Samedi 11 juin 2011 :

    Une association de banques allemandes a déclaré samedi soutenir la proposition de Berlin d’impliquer les créanciers privés dans le financement d’un deuxième plan d’aide à la Grèce, sans pour autant préciser qu’elle était en faveur de la solution d’échange de titres.

    L’Allemagne plaide pour cette participation des banques privées dans ce deuxième plan de sauvetage d’Athènes, estimé à 120 milliards d’euros, dans lequel les créanciers privés seraient invités à échanger leurs titres de dette contre des obligations à maturité plus longue (« rollover »).

    Cette solution est pourtant critiquée par la Banque centrale européenne (BCE) pour la réaction de panique qu’elle pourrait selon elle provoquer sur les marchés financiers et les agences de notation ont dit qu’elles assimileraient un tel « rollover » à un défaut.

    http://www.lesechos.fr/economie-politique/monde/actu/reuters_00351635-grece-les-banques-de-plus-en-plus-disposees-a-s-impliquer-175528.php

  2. Lundi 13 juin 2011 :

    L’agence de notation Standard & Poor’s a abaissé lundi de trois crans la note de la dette à long terme de la Grèce, de « B » à « CCC », et l’a assortie d’une perspective négative, considérant que le risque de défaut du pays dans les douze mois s’est encore accru, dans un communiqué.

    « La dégradation reflète notre opinion qu’il y a un risque encore plus élevé d’un ou de plusieurs défauts » de paiement, souligne l’agence, alors que le débat fait rage sur la possibilité de restructurer la dette publique de la Grèce.

    http://www.boursorama.com/infos/actualites/detail_actu_marches.phtml?num=7a8d56307957b91d0d910346a43fc9e1

    Les taux des obligations des trois Etats en faillite battent des records historiques.

    Portugal : taux des obligations à 10 ans : 10,668 %. Record historique battu.

    http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GSPT10YR:IND

    Irlande : taux des obligations à 10 ans : 11,349 %. Record historique battu.

    http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GIGB10YR:IND

    Grèce : taux des obligations à 10 ans : 16,974 %.

    http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GGGB10YR:IND

  3. Aujourd’hui, trois Etats européens sont insolvables : le Portugal, l’Irlande, la Grèce.

    Nous pouvons observer les taux de leurs obligations à 3 ans, et les taux de leurs obligations à 10 ans : les courbes sont inversées !

    Pour ces trois Etats, les taux des obligations à 3 ans et à 10 ans ont battu leurs records historiques aujourd’hui. Leurs taux n’ont jamais été aussi élevés.

    Portugal : taux des obligations à 3 ans : 12,926 %. Record historique battu.
    Portugal : taux des obligations à 10 ans : 10,668 %. Record historique battu.

    Irlande : taux des obligations à 3 ans : 13,490 %. Record historique battu.
    Irlande : taux des obligations à 10 ans : 11,349 %. Record historique battu.

    Grèce : taux des obligations à 3 ans : 26,596 %. Record historique battu.
    Grèce : taux des obligations à 10 ans : 16,974 %.

    La zone euro va exploser.

  4. Emprunt à 6 mois :

    Quand l’Allemagne ou la France lancent un emprunt à 6 mois, elles doivent payer un taux d’intérêt d’environ 1 %.
    Mardi 14 juin 2011, la Grèce a lancé un emprunt à 6 mois : la Grèce a dû payer un taux d’intérêt de … 4,96 % !
    Les taux sont en hausse : c’était 4,88 % lors de la précédente émission.

    Plus les jours passent, plus la Grèce emprunte à des taux de plus en plus exorbitants.
    Plus les jours passent, plus la Grèce se rapproche du défaut de paiement.

  5. Bonjour,

    Il n’y a vraiment que sur votre blog que l’on trouve des articles aussi intéressants.

    Une question cependant : comment calculez vous le pourcentage de dévaluation correspondant à un spread de taux d’intérêt ? Je suppose qu’il y a une formule actuarielle ?

    Cordialement

  6. Mardi 14 juin 2011 :

    Grèce : déficit budgétaire en hausse de 13 %.

    Le déficit budgétaire de la Grèce a augmenté de 13 % sur la période janvier-mai, par rapport à la période comparable de 2010, dépassant l’objectif intermédiaire fixé par le plan de sauvetage du pays, a annoncé mardi le ministère des Finances.

    http://fr.reuters.com/article/frEuroRpt/idFRLDE75D1V920110614

    Les taux des obligations des trois Etats en faillite battent des records historiques.

    Portugal : taux des obligations à 10 ans : 10,754 %. Record historique battu.

    Irlande : taux des obligations à 10 ans : 11,381 %. Record historique battu.

    Grèce : taux des obligations à 2 ans : 26,421 %. Record historique battu.

    Grèce : taux des obligations à 10 ans : 17,379 %. Record historique battu.

    Les CDS de ces trois Etats en faillite battent des records historiques :

    Irlande : CDS à 5 ans : 739 665 dollars pour un prêt de 10 millions de dollars. Record historique battu.

    Portugal : CDS à 5 ans : 762 916 dollars pour un prêt de 10 millions de dollars. Record historique battu.

    Grèce : CDS à 5 ans : 1 590 179 dollars pour un prêt de 10 millions de dollars. Record historique battu.

    http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=CGGB1U5:IND

  7. L’agence de notation Standard and Poor’s a annoncé mercredi avoir abaissé de trois crans la note de quatre banques grecques à « CCC », soit la même note que celle attribuée en début de semaine à la dette à long terme de la Grèce.

    Ces quatre banques, la Banque nationale de Grèce, l’Eurobank EFG, Alpha et Piraeus, sont « exposées à des risques renforcées en raison de la détérioration de la solvabilité de la Grèce », relève l’agence.

    Ces risques sont également liées à la « perception des déposants grecs quant à la possibilité d’une restructuration de la dette grecque », ajoute S&P’s, qui envisage un nouvel abaissement dans les prochains mois au cas où ces banques ne pourraient pas faire face à leurs obligations.

    S&P juge que, dans le cadre d’une restructuration de la dette grecque, le secteur privé (banques, fonds d’investissement, assureurs), mis à contribution, se retrouverait face soit à un « échange de titres » soit à un « allongement des maturités ».

    De telles opérations seraient considérées « de facto comme un défaut » par l’agence de notation, et dans ce cas, elle pourrait attribuer à la Grèce une note encore plus basse, la reléguant dans une situation de défaut partiel.

    http://www.boursorama.com/infos/actualites/detail_actu_societes.phtml?num=31159b9d7819d212c5da7e653d07a414

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