€URSS, $, banques et… Chine !

Il y a 40 ans, tout le monde, de la ménagère au président de la République, savait qu’un déficit persistant de la balance commerciale allait aboutir immanquablement à un manque de devises fortes, en particulier des dollars (US$) et donc à une dévaluation.

Pompidou, devenu enfin président, a dévalué le franc en août 1971 et toutes les ménagères ont dit : j’vous l’avais bien dit ma brave dame et leurs bonshommes ont arrêté de faire le plein pour se balader en bagnole le dimanche.
Les 30 glorieuses ont ainsi été prolongées de quelques années (grâce à cette dévaluation) pour la plus grande satisfaction de tout le monde.

Maintenant, à part quelques très rares dinosaures rescapés de ces temps préhistoriques, plus personne ne comprend plus ces problèmes économiques simples : en €URSS, tout le monde est persuadé que n’importe qui peut acheter autant de dollars qu’il le veut (et le peut). Erreur fatale.

Avant le grand chambardement final à venir, quelque petits points d’ancrage s’imposent…

1 / Une monnaie est celle d’une nation, et inversement. C’est un principe irréfragable.

L’€URSS n’est pas une nation mais une zone de nations indépendantes dont les niveaux et les gains de productivité globale sont différents. Une monnaie unique dans cette zone ne peut aboutir qu’à des désordres fondamentaux comme l’a connu l’Argentine en 2001-2002.

Le problème n’est pas de savoir si la Grèce sortira de la zone euro, mais quand elle en sortira.
Idem pour les autres pays.

Les écarts relatifs (en pourcentage) des rendements des bons à 10 ans des Trésors des pays de la zone euro par rapport à ceux du Bund donnent les niveaux de dévaluation logiques par rapport au deutschemark car ces titres jouent le rôle d’ersatz de monnaies nationales en leur absence.

2 / Le manque de devises fortes, le dollar (US$) est en fait à la base de toute dévaluation, ce qui apparait très clairement dans le cas de la France.

En effet, depuis juillet 2004, le déficit cumulé de la balance des biens atteint 300 milliards d’euros et celui des investissements directs étrangers (IDE) 600 milliards depuis l’adoption de l’euro, ce qui fait actuellement un trou en devises de l’ordre de 900 milliards comblé en grande partie par les investissements en portefeuille constitués pour l’essentiel par des bons du Trésor français achetés par des étrangers ayant payé en devises, en particulier en dollars (US$).

Globalement, l’équilibre de la balance des paiements a été réalisé paradoxalement par ces entrées de devises et par des transferts de devises émanant de la Buba (pour 150 milliards d’euros environ).

Du temps de ce bon vieux système de Bretton Woods, tout le monde, de la ménagère au président de la République, savait qu’un déficit persistant de la balance commerciale allait aboutir immanquablement à un manque de devises fortes (des dollars, US$) et finalement à une dévaluation, ai-je écrit au début de cet article.
Maintenant, plus personne ne comprend pourquoi il n’y a plus de dollars dans les coffres de nos Gos banques franchouillardes !

Seuls, leurs patrons ont bien compris, tardivement mais pas trop tard, au début de 2011, qu’ils étaient de plus en plus proches d’un défaut de paiement en devises. Ils ont donc emprunté des dizaines de milliards de dollars à des fonds monétaires américains pour pouvoir faire face à un manque de dollars dans leurs comptes. Comme ces emprunts dépassaient largement leurs besoins à court terme, ils ont été obligés de placer ces excédents dans la seule banque fiable : la Fed, ce qui a inquiété ses dirigeants, cf. les discours du bombardier furtif B-2, Ben Bernanke à ce sujet.

Depuis ces dernières semaines, plus aucun fonds monétaire américain ne prête des dollars aux banques européennes car leurs dirigeants ont enfin compris qu’ils risquaient de ne pas pouvoir les récupérer à l’échéance.

Le défaut de paiement en devises (en US$) de nos Gos banques aurait pu être proche mais il n’aura pas lieu à court terme grâce aux accords d’échanges (swaps) entre les banques centrales conclus le 10 mai 2010 (et réactivés cette semaine) à la suite d’un précédent qui a provoqué un krach éclair, mais ça ne pourra pas durer éternellement a dit tristement comme toujours B-2.

Ce déficit en dollars devra être comblé d’une façon ou d’une autre. Comme ces cochons de pays du Club Med (dont la France) ne pourront pas dégager des excédents en devises (en US$) dans l’avenir proche, les seules entrées possibles ne pourront se faire que par des cessions d’actifs, comme l’a déjà écrit BNP dans un de ses derniers communiqués.

Pour l’essentiel, les acquéreurs (payant en US$) ne peuvent être que des Américains qui disposent par définition de dollars en abondance (les trésoreries des entreprises sont considérables), des Chinois grâce à leurs réserves en dollars (3 200 milliards de dollars fin juin plus les dollars gagnés par les entreprises chinoises exportatrices qui ne les déposent pas à la banque centrale) et de riches arabes des pays producteurs de pétrole.

3 / Les big banks européennes too big to fail (to bail plutôt) ne pourront pas supporter le choc de l’éclatement de l’euro-système ni la chute des dominos qui s’en suivra. Elles devront être recapitalisées par les constribuables des pays dont elles dépendent.

Il faudrait augmenter leurs capitaux propres de 385 milliards d’euros, selon les chiffres publiés à la fin juin dernier, pour que les 4 Gos banques françaises respectent les règles prudentielles d’endettement (le fameux leverage de ce bon vieux Greenspan), ce qui ferait passer la dette publique largement au-dessus de 2 000 milliards d’euros, soit plus que le montant du PIB annuel.

Pour aggraver le tout, en €URSS comme en URSS, tout est faux : les comptes des big banks ne respectent pas les bonnes règles comptables qui devraient donner une image fidèle de la réalité, les engagements de retraite ne sont pas comptabilisés, etc.

Pour l’instant, un certain calme relatif apparent règne malgré des réactions violentes touchant les cours des Gos banques cotées.

Une lueur d’espoir : après le grand chambardement à venir, le monde continuera à tourner parfaitement bien avec une vieille Europe qui se sera autodétruite.
Je n’aurai jamais compris pourquoi les Euro-zonards auront voulu en arriver à ce désastre.

En attendant la suite de ces évènements, cliquer ici pour la voir une vidéo édifiante sur les Tinois sur le site de notre ami Olivier Crottaz en date du 14 septembre.

7 réflexions sur “€URSS, $, banques et… Chine !”

  1. « Il y a 40 ans, tout le monde, de la ménagère au président de la République, savait qu’un déficit persistant de la balance commerciale allait aboutir immanquablement à un manque de devises fortes, en particulier des dollars (US$) et donc à une dévaluation. »

    Vous oubliez d’ajouter : déficit persistant « non compensé par des entrées de capitaux »… cf les Etats-Unis qui doivent faire face à un déficit commercial persistant depuis déjà de très longues années.

  2. et alors……les états € vont augmenter leurs entrées de fonds étrangers…comme le font les usa.
    Les banques vont céder leurs actifs aux étrangers.
    Déjà nombre d’entreprises sont achetées par des chinois et autres étrangers qui délocalisent en gardant les clients.
    C’est vrai que tout sera vendu à prix réduit et que les états vont payer + d’intérêts.
    C’est le lot des gens défaillants , vous avez beau produire çà ne sert que vos créanciers.
    Les japonais ont leur dette interne , les usa ont la monnaie du monde , les européens ont une monnaie déséquilibrée qui ne peut être le reflet de sa valeur et ouvre donc les portes à tout chantage , pour un équilibrage il faudrait un budget commun..mais on n’y est pas.
    Je pense que tout va s’appauvrir , sans vrai clash , les + entrants dans les – , jusqu’à une dévaluation sélective par pays ou un embryon de budget euro.

  3. Si la banque centrale des p’tit $ui$$e$ est prête à acheter
    des euros avec de l’argent qui n’existe pas, je ne comprend pas bien pourquoi les banques de l’euro système auraient du mal à changer
    leurs Euros bien réels contre des dollars,si elles avaient besoin de dollars.
    Une zone monétaire ne peux pas refuser l’achat de sa devise.
    La preuve les Japs sont emmer…. par le carry trade,et ont le doigt sur la gâchette pour imiter
    les swiss

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