Richesse des nations et position extérieure nette (compléments)

Quelques compléments s’imposent à propos de la position extérieure nette de nations de référence et de leur richesse…

La revue de la position extérieure nette des pays européens confirme parfaitement les autres analyses que l’on peut faire sur cette monnaie unique contre nature qu’est l’euro : la position extérieure nette de l’Allemagne augmente alors que celles de ces cochons de pays du Club Med diminuent, les écarts s’accentuant, ce qui met clairement en évidence le fait que l’€mpire germanique accentue sa prééminence et sa richesse au détriment des pays globalement les moins productifs de la zone.
Ce concept a l’avantage de synthétiser une situation complexe et trompeuse qui donne l’illusion que cette zone monétaire présenterait des avantages pour les pays du Club Med.

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La grande force du Japon vient comme je l’ai indiqué du fait que les entreprises industrielles japonaises ont massivement investi leurs bénéfices dans les autres pays développés de façon à pouvoir pérenniser leur domination organisationnelle, technique et commerciale.
En effet, contrairement aux idées véhiculées par les médias, les Japonais ont considérablement innové dans les années 60 et 70, surtout dans les méthodes de production, ce qui leur a permis de contrer les positions auparavant dominantes des industriels européens et américains.
Il en a été ainsi par exemple des 5 zéros olympiques et du kanban de Toyota.

Ces investissements japonais dans les pays dits occidentaux (Europe, Amérique du Nord) sont les actifs de la position extérieure nette du Japon qui sont largement supérieurs aux dettes globales du Japon vis-à-vis de l’étranger car peu d’entreprises étrangères ont investi au Japon dont les dettes, surtout publiques, sont couvertes par des capitaux japonais, c’est-à-dire provenant d’activités localisées sur le sol japonais par des Japonais qui ont su défendre leurs intérêts au niveau de leur nation.

Les Chinois mènent une politique s’inspirant de celle du Japon, avec des modalités différentes.

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Les Etats-Unis sont-ils au bord du gouffre ?
A priori, leur position extérieure nette présente une évolution inquiétante.
Oui, mais il faut, comme toujours, analyser correctement les données de base…

Un des conundrums posés est celui de l’abondance des réserves de la Fed : les banques y ont déposé 2 500 milliards de dollars ce qui ne s’est jamais produit.
Pourquoi ?
Aucune réponse satisfaisante n’a été officiellement donnée.
En fait, les banques regorgent de disponibilités (cash) parce que les entreprises regorgent elles-aussi de disponibilités car elles dégagent des bénéfices historiquement très élevés depuis plusieurs années (au moins depuis 2014) après le grand ménage effectué par le bombardier furtif B-2, Ben Bernanke et ses acolytes.
L’épargne des Américains, c’est-à-dire des ménages des États-Unis, atteint aussi des niveaux record (plus de 10 000 milliards de dollars déposés dans les caisses d’épargne).

Or, cette richesse purement américaine, c’est-à-dire produite aux États-Unis n’est pas (ou rarement) investie hors du pays.
Les actifs situés à l’étranger détenus par ces Américains sont donc relativement faibles, du moins par rapport aux actifs américains détenus par des étrangers, en particulier par les Chinois et les Japonais en bons du Trésor américains et autres (investissements directs, titres, immobilier, etc.).
Ainsi, la balance de ces actifs pris en compte dans la position extérieure nette des États-Unis présente un déficit considérable car les dettes sont nettement supérieures aux actifs.

A ce premier conundrum succède un deuxième : pour quelles raisons les titulaires de capitaux américains ne veulent-ils pas investir à l’étranger et inversement, pour quelles raisons les titulaires de capitaux étrangers veulent-ils investir préférentiellement aux États-Unis ?
La réponse est simple : comme je l’ai écrit à maintes reprises, les fondamentaux des États-Unis sont sains, en particulier l’argent y est redevenu sain, ce qui est le premier pilier des Reaganomics, ce qui n’est pas le cas des autres pays.
En effet, la zone euro est empêtrée par une hypertrophie létale de sa masse monétaire et par des banques qui ne respectent pas les règles prudentielles d’endettement.
La Chine et le Japon sont… bridés eux-aussi par une hypertrophie létale de leur masse monétaire.
Ainsi s’expliquent les réactions des titulaires de capitaux qui cherchent à les placer dans un pays durablement fiable, les États-Unis étant alors le meilleur choix dans le monde.

Les Etats-Unis ne sont donc pas au bord du gouffre.

10 réflexions sur “Richesse des nations et position extérieure nette (compléments)”

  1. Pour savoir si l’argent est sain,il suffit de connaitre la nature de sa contre-partie.
    Et la contre-partie de l’argent est principalement de la dette.
    Si on considère que la dette est remboursable,l’argent est sain.
    Si on considère qu’elle n’est pas remboursable,l’argent n’est plus sain.
    Le simple fait que les taux soit négatif prouve que l’argent n’est plus sain.
    CQFD

  2. « Or, cette richesse purement américaine, c’est-à-dire produite aux États-Unis n’est pas (ou rarement) investie hors du pays.
    Les actifs situés à l’étranger détenus par ces Américains sont donc relativement faibles, du moins par rapport aux actifs américains détenus par des étrangers, »
    N’est-ce pas la même chose en France ?
    Les Français investissent leur épargne majoritairement dans de l’immobilier donc des actifs situés en France ou dans des entreprises et actions française tous ces actifs sont situés en France donc exclus des actifs pris en compte dans le calcul de la position extérieure nette.Par ailleurs les Français ont très peu d’actions et encore moins d’actions de sociétés étrangères donc peu d’épargne investi à l’étranger, cela ne signifie pas qu’ils n’ont pas d’actifs mais simplement qu’ils sont investis en France.L’explication qui vaut pour les USA vaut aussi pour la France.

  3. Argent sain peut etre(encore faut il faire confiance aux publications de la FED)Mais économie saine NON!Bulle de crédit,relèvement du plafond de la dette,faible taux d’actifs,bilans d’entreprises tronqués.

    1. La position extérieure nette de chaque nation est calculée partir des données de la balance des paiements, en mettant en balance d’une part les actifs de l’ensemble des résidents d’une nation et d’autre part les dettes globales vis-à-vis de l’étranger (c’est-à-dire du reste du monde).

  4. Peu importe du pays que sa position extérieure nette soit positif au négatif au final ça change quoi à partir du moment au dans les deux cas ça croissance est acheter à crédit et avec une dette qui ne cesse d’augmenter d’une année à l’autre

  5. En plus d’avoir un système financier assaini, ils ont un système entrepreneurial très performant, leurs entreprises vendent partout dans le monde et sont très bien gérées, quelles actions un Américain pourrait acheter en Chine, en Inde et dans les autres émergents, même l’Europe n’a pas tant que ça, les pays performants (germaniques et scandinaves) ont des PME familiales, il ne reste que l’UK et la France qui ont quelques joyaux, déjà aux mains d’entreprises américains.

    Quand on refuse les fonds de pension et que l’Etat ne plus devenir actionnaire car trop endetté :

    http://bourse.lefigaro.fr/indices-actions/actu-conseils/le-capital-des-societes-du-cac-40-est-controle-par-les-fonds-anglo-saxons-3796410

    BRIC : Bloody ridiculous investment concept !

    Les USA ne sont pas prêts d’être détrônés comme premier marché financier.

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