Tricheurs, réalité, spéculateurs, sanctions

Ce bon vieux Greenspan répétait souvent que les marchés sont fort bien autorégulés et qu’ils fonctionnent finalement très bien à condition que les investisseurs aient une bonne culture économique et financière.

Après les turbulences financières de ces dernières années, il a rappelé que les banques doivent avoir suffisamment de capitaux propres pour pouvoir faire face à toute situation, l’avenir étant par définition toujours affecté d’une certaine dose d’incertitude (aucun actif n’est certain).

Le plus important pour une banque est donc ce fameux multiple d’endettement µ, leverage en anglais : le rapport entre le total des dettes et le montant des capitaux propres (qui doivent être bien réels, c’est-à-dire égaux au montant du capital plus les bénéfices accumulés) doit être inférieur à 10.

C’est simple, tout est simple disait Milton Friedman.

Les investisseurs avisés, ceux qui voient juste et loin, c’est-à-dire les bons spéculateurs, et en particulier les hedge funds (fonds de couverture) ont calculé (comme moi) les multiples d’endettement pour les banques cotées du monde entier et ils en sont arrivés à la conclusion que ceux des big banks to big to too fail de la zone euro étaient hors normes, donc vulnérables c’est-à-dire susceptibles de faire faillite.

Rien ne sert de tricher. La réalité, la vérité, finissent toujours par s’imposer et les sanctions tombent alors.
La communauté bancaire européenne a réussi à faire adopter, et admettre pendant un certain temps aux idiots inutiles des règles qui ne donnent pas une image fidèle de la réalité grâce aux hommes (et femmes) politiques qui les ont officialisées avec des titres éligibles en tant que capital dans le cadre du calcul du ratio Tier 1 : des titres super-subordonnés (…), des instruments de capitaux propres (…) et même des Cocos helvètes ! etc. … ainsi que des pondérations folkloriques d’actifs réputés sans risques (des bons de Trésors euro-zonards !).

La réalité s’impose depuis quelque temps : les banques qui ont de mauvais multiples d’endettement (jusqu’à 50 pour les mécanos de la Générale !) sont condamnées à terme. Elles sont présentement en sursis.

Les investisseurs avisés anticipent donc correctement la réalité incontournable : ils vendent les actions de ces bad banks dont les cours plongent et leurs dirigeants ne se prêtent plus d’argent entre eux (le marché interbancaire ne fonctionne plus).

Des dépêches d’agences de presse nous apprennent que les fonds monétaires américains prêtent de moins en moins aux banques de la zone euro : 309,3 milliards de dollars fin juillet (contre 388,5 milliards fin mai) dont 92,8 milliards pour les Gos banques françaises et 28,3 milliards pour BNP.

Un tsunami bancaire menace de se produire à tout moment dans la zone euro (comme celui de Santorin), ce qui inquiète les… gens de la Fed.

Cliquer ici pour voir une vidéo hollywoodienne sur ces problèmes (la rentabilité des capitaux investis chez JPMorgan et Goldamn Sachs est normale contrairement aux accusations de Max Keiser).

6 réflexions sur “Tricheurs, réalité, spéculateurs, sanctions”

  1. Lundi 22 août 2011 :

    La Banque Centrale grecque a annoncé ce week-end que les quatre plus grandes banques du pays ont donné leur accord pour prendre jusqu’à 50 millions d’euros d’obligations convertibles pour aider à recapitaliser la petite banque privée grecque Proton Bank.

    Cette dernière est pourtant soupçonnée de détournement de fonds, mais est soutenue par l’Etat grec fin d’éviter « les répercussions négatives » sur le système bancaire grec.

    Selon une source du Financial Times, l’accord précède une annonce attendue des banques du pays qui demanderont d’urgence des liquidités à la Banque Centrale grecque.

    Les quatre grandes banques grecques – National Bank of Greece, EFG Eurobank, Alpha Bank et Piraeus Bank – font en effet face à une crise de liquidités menaçante alors qu’environ 10 milliards d’euros des dépôts du gouvernement vont être retirés auprès des banques grecques pour rembourser la dette venant à échéance dans les semaines à venir.

    National Bank of Greece, EFG Eurobank, Alpha Bank et Piraeus Bank déploraient en avril l’évaporation d’environ 10 milliards d’euros due à des retraits en série des Grecs, soit 4,5 % du total de l’argent du système bancaire du pays.

    http://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/banque/20110822trib000643654/les-banques-grecques-s-entraident-pour-eviter-la-faillite.html

  2. « La Société Générale dont le titre a perdu près de 48% depuis le début de l’année a décidé d’agir. Elle a conclu un contrat de liquidité auprès de Rothschild & Cie Banque, selon un communiqué cité par l’agence Bloomberg. Par ce contrat, Rothschild s’engage à soutenir le cours de Bourse de l’action Société Générale dans la limite d’un montant et d’une durée prédéterminée. En l’occurrence, le contrat court du 22 août pour une durée de un an renouvelable automatiquement et porte sur une enveloppe de 170 millions d’euros. »

    http://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/banque/20110822trib000643686/la-societe-generale-demande-a-rothschild-de-soutenir-son-cours-de-bourse.html
    « Cette pratique de marché est reconnue par la Charte d’éthique de l’association française des marchés financiers pour les professionnels de la bourse et de la finance(AMAFI) et par l’Autorité des marchés financiers (AMF). »
    Triche ou pas triche ?

  3. Des nouvelles du Titanic « ZONE EURO » :

    Mardi 23 août 2011 :

    La croissance du secteur privé allemand à un plus bas de 25 mois.

    Principaux résultats préliminaires publiés mardi 23 août des enquêtes mensuelles PMI réalisées par Markit auprès des directeurs d’achats des secteurs de l’industrie manufacturière et des services en Europe.

    ALLEMAGNE – L’INDUSTRIE STAGNE, LES SERVICES RALENTISSENT.

    L’activité manufacturière est restée stable au mois d’août en Allemagne, restant à son plus bas de 25 mois, sous l’effet d’une chute des nouvelles commandes, montre l’enquête PMI menée auprès des directeurs d’achat des entreprises.

    S’il ressort meilleur que prévu – le consensus n’anticipait que 50,8, après 52,0 en juillet – il ne parvient pas à s’éloigner de la barre des 50 qui sépare contraction de croissance et reste à son plus bas depuis juillet 2009.

    L’indice PMI des services est ressorti plus bas qu’attendu à 50,4 pour août, contre un consensus de 52,0, et après 52,9.

    L’indice PMI composite est lui aussi inférieur aux attentes, à 51,3, contre 52,2 attendu.

    « Le principal moteur de croissance de la zone euro est en train de caler. C’est un tournant spectaculaire pour l’Allemagne », s’est alarmé Chris Williamson, économiste chez Markit.

    FRANCE – CONTRACTION DANS l’INDUSTRIE, CROISSANCE DES SERVICES.

    L’activité manufacturière s’est contractée en France en août et, malgré la bonne tenue des services, la croissance du troisième trimestre s’annonce molle, montrent les résultats publiés par Markit-CDAF.

    L’indice PMI composite est remonté à 53,6 en version « flash » contre 53,2 en juillet.

    Dans les services, l’indice des directeurs d’achats, qui reculait lui aussi depuis mai, est reparti à la hausse à 56,1 après 54,2 le mois dernier.

    Mais ce rebond occulte le net recul de l’indice de l’industrie manufacturière, qui chute à 49,3 et repasse pour la première fois depuis juillet 2009 sous le seuil de 50 séparant contraction et expansion de l’activité.

    L’enquête montre aussi que les nouveaux contrats signés par les entreprises françaises (industrie et services confondus) ont enregistré en août leur plus faible croissance depuis deux ans.

    Dans les services, la composante des anticipations des chefs d’entreprises accuse une baisse de plus de cinq points d’un mois sur l’autre.

    Sur cette base, Markit anticipe une croissance du PIB français limitée à 0,1 % ou 0,2 % au troisième trimestre.

    http://fr.reuters.com/article/frEuroRpt/idFRLDE77L0RG20110823

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