Balance des paiements : janvier, euro fort létal

La Banque de France vient de publier les chiffres de la balance des paiements du mois de janvier 2013. Tout le monde devrait en parler car c’est très important …

La balance des transactions courantes qui synthétise le résultat de l’ensemble des activités courantes d’une nation vis-à-vis du reste du monde montre une dégradation étonnamment régulière depuis que la Banque de France publie ces chiffres, c’est-à-dire depuis le début de l’euro-système, quelle que soit la couleur du gouvernement avec un déficit de 5,0 milliards d’euros pour ce dernier mois, pire que les 3,6 milliards du mois précédent,

Graphique 1 :

L’ardoise se monte maintenant à 220 milliards d’euros depuis mars 2005, nouveau record,

Graphique 2 :

Les conséquences en sont occultées par l’existence de la zone euro et par les achats massifs de mauvais bons du Trésor français par des investisseurs à l’étranger, imprudents, ignares et crédules (dont la BNS !) qui commencent à se méfier quand même de ce cochon de pays du Club Med.

Le déficit de la balance commerciale de ce mois a été de 6,7 milliards d’euros contre 6,4 milliards le mois précédent et des excédents de 15,7 milliards pour l’Allemagne !

Graphique 3 :

C’est à nouveau le grand plongeon mais aucun journaleux, aucun bonimenteur n’en parle.

Depuis juillet 2011, ce déficit fluctue aux alentours de 70 milliards d’euros sur les 12 derniers mois,

Graphique 4 :

Depuis juin 2004, le cumul des déficits des biens seuls atteint un nouveau record de 405,3 milliards d’euros,

Graphique 5 :

Les déficits de la balance commerciale s’expliquent en grande partie par l’euro fort

Depuis une trentaine d’années, l’euro a fluctué normalement dans une bande de 1,00 à 1,30 dollars (ES$) avec des écarts considérables : un euro très fort culminant à près de 1,60 et un euro très faible à 0,70 correspondant à un dollar très fort,

Document 6 :

Données de notre ami Fred de Saint Louis.

Depuis 2004, la remontée de l’euro dans une bande de 1,20 à 1,50 dollars est létale pour la France,

Document 7 :

Comme la France n’est plus compétitive vis-à-vis de l’étranger, surtout avec un euro fort, les entreprises étrangères investissent moins en France que les entreprises françaises à l’étranger, la tendance du déficit des IDE (Investissements Directs Etrangers) se poursuit depuis l’adoption de l’euro,

Graphique 8 :

En lignes épaisses : courbes polynomiales de tendances.

Depuis juillet 2011, le cumul des déficits des IDE fluctue autour de 620 milliards d’euros (depuis l’adoption de l’euro), somme vertigineuse dont personne ne parle !

Graphique 9 :

Comme je l’ai écrit à maintes reprises, les déficits des différentes rubriques de la balance des paiements sont obligatoirement compensés par des transferts comptabilisés dans cette rubrique absconse N.4.700. Compte financier, Autres Investissements, Transactions nettes, France vis-à-vis du reste du monde, Solde, Non CVS-CJO, Mensuel, correspondant à la dette nette de la France vis-à-vis de l’étranger quand les transferts de capitaux libres ne peuvent pas le faire.

Le montant de la dette nette apparente de la France était redevenu proche de zéro, ce qui était moins inquiétant en apparence que pendant les grandes turbulences financières, mais il remonte,

Graphique 10 :

Comme je l’ai écrit précédemment, ces transferts proviennent des excédents allemands, des investissements en portefeuille en France d’opérateurs à l’étranger et indubitablement par le rapatriement de milliards de dollars empruntés par les Gos banques françaises aux Etats-Unis pour ne pas être en défaut de paiement dans cette devise ce qui cache l’ampleur des déficits réels (plus de 1 000 milliards d’euros !).

Et pour terminer joyeusement, il ne faut pas oublier que les erreurs et omissions de la Banque de France sur la balance des paiements peuvent fluctuer de plus de 50 milliards d’euros d’un mois sur l’autre : en janvier, 15 milliards sont perdus quelque part, et personne ne sait où ils se trouvent !!!

Graphique 11 :

L’€URSS est une machine infernale ingérable que plus personne ne maitrise. Les banques centrales de l’euro-système enregistrent normalement les transactions courantes mais un certain nombre d’opérations intra-communautaires échappent à leur contrôle.
C’est avancer les yeux fermés au bord du gouffre
.

Une fois de plus, il faut (il aurait fallu) sortir de l’euro-système ! Et il aurait été préférable de ne pas adopter cette monnaie unique létale comme l’ont toujours dit et répété tous les monétaristes !

Tout est simple.

2 réflexions sur “Balance des paiements : janvier, euro fort létal”

  1. Bonjour,

    Doc 6&7 :
    Concernant la fluctuation de €/$ et les conclusions tirées, peut-être faudrait-il préciser également, au minimum, l’évolution de l’inflation dans chaque pays sur la même période ?

    Doc 8 :
    Que signifie la courbe bleu clair svp ?

    Merci

  2. Bon, c’est pas demain la veille que les 405 milliards accumulés sur 8 ans. Cependant, un point bas semble avoir été atteint à 70 milliards de déficit sur 12 mois flottants.
    La prise de conscience a été tardive (septembre 2011 !), mais il fallait bien que vos écrits arrivent aux bonnes oreilles….

    Le solde cumulé des déficits des IDE s’est lui aussi calmé… pile au même moment.

    Peut-être que les « investisseurs avisés » avaient misé sur le long-terme et sur la nécessaire flexibilité que le futur président français aurait été contraint de mettre en place en dépit du socialisme rampant… Mollande ou l’Histrion, mêmes effets.

    Les « investisseurs avisés » ont peut-être misé sur le scénario suivant (rappel : nous sommes mi-2011 !) :
    – la productivité du secteur privé français est optimale (si si!)
    – baisse obligatoire des prélèvements sociaux et des dépenses publiques par le nouveau gouvernement pour juguler les déficits et maintenir un endettement moins stratosphérique
    – explosion de l’€ et finalement, peut-être que ce sera malgré tout plus intéressant d’être en France qu’en Espagne ou en Italie…. et le D€utschmark est trop cher…

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