BCE : les Marioles s’engagent !

A quoi correspond concrètement la rubrique 5.1 Engagements envers des administrations publiques qui permet d’équilibrer miraculeusement le bilan de l’Euro système (la BCE pour simplifier) ?

J’ai posé cette question à plusieurs reprises à la BCE pendant plus d’un mois sans avoir de réponse… Elle ne m’est parvenue finalement que ce matin, après la publication hier de mon article à ce sujet !
Tout peut aller très vite dans certaines circonstances !

La direction de la communication de la BCE confirme bien, comme je l’ai écrit, que sous cette rubrique, sont enregistrés pour l’essentiel des dépôts d’entités dépendant d’Etats de la zone euro qui peuvent être en particulier… des recettes fiscales !

Manifestement les Etats de la zone euro ont donc des comptes très largement excédentaires !
Cette partie de réponse est, disons, amusante.

Plus sérieusement, ces dépôts peuvent provenir effectivement de l’émission d’obligations d’État, c’est-à-dire de l’augmentation de leurs dettes, et d’éventuels transferts provenant d’établissements de crédit qui peuvent être, concrètement, comme j’en ai émis l’hypothèse, des emprunts d’entités étatiques auprès de banques déposés le vendredi soir à la BCE pour équilibrer son bilan.

En effet, depuis 6 mois (juin), ces engagements couvrent très exactement les besoins de financement des banques, c’est-à-dire l’écart (le trou) entre les prêts accordés et les dépôts faits par ces banques auprès de la BCE,


Dans ce dernier cas, les 130,8 milliards de la rubrique 5.1 doivent bien s’analyser comme étant des dettes d’Etats, non comptabilisées en tant que telles par ailleurs, qui ont augmenté de 33 milliards en une semaine, ce qui ne présente manifestement aucun intérêt vu que personne n’en parle…

Comme le précise la réponse que m’a faite la direction de la communication de la BCE reproduite ci-dessous, je ne tire pas de conclusions erronées sur le court terme : la tendance longue est clairement à une augmentation de ces dettes étatiques plus ou moins bien camouflées entre autres dans cette rubrique 5.

Les Marioles de la BCE se sont donc engagés dans une voie dangereuse.

Ma présente analyse éclaircit celles que j’avais faites précédemment.

Dans la mesure où des entités étatiques emprunteraient effectivement à des banques pour équilibrer le bilan de la BCE, il n’y aurait donc pas de création monétaire dans ce mécanisme, ce qui est (relativement) rassurant.

***

Dans la situation financière hebdomadaire de l’Eurosystème, la rubrique 5.1 du passif regroupe les comptes courants, les dépôts à terme et les dépôts à vue que les administrations publiques détiennent auprès de leur banque centrale nationale (BCN). Une hausse de cette position peut résulter, entre autres, de recettes fiscales ou du dépôt de fonds reçus dans le cadre de l’émission d’obligations d’État. Il convient donc d’examiner les évolutions de cette position:
(a) sur le long terme et non sur le court terme pour faire abstraction des variations normales à cet horizon (par exemple en raison de facteurs saisonniers);

(b) en tenant compte des dépôts que les administrations publiques sont susceptibles de détenir auprès d’établissements de crédit et non pas seulement auprès des BCN: une augmentation des dépôts des administrations publiques auprès de leur BCN peut, notamment, être due à la baisse de leurs dépôts auprès d’établissements de crédit).
Pour résumer, aucune conclusion sur les positions des comptes courants des pays participant à la zone euro ne saurait être tirée uniquement à partir des évolutions à court terme de la rubrique 5.1 de la situation financière hebdomadaire de l’Eurosystème.

4 réflexions sur “BCE : les Marioles s’engagent !”

  1. Ça me rappelle des histoires pas si vieilles que ça ces dettes « cachées »…

    Je viens de lire l’article « les possibilités actuelles du socialisme » par Joseph Schumpeter…

    C’est admirable à quel point cet article est d’actualité et résume en quelques pages ce qui se déroule en France depuis quelques années ! Je vous le conseille vivement!

    2.7% de croissance aux USA… Ça doit faire des jaloux 😉

  2. héfaillitos, dieu de la dette pourrie lessivée par vos cotisation sécu

    Vu que la BCE fait la manche auprès des organismes d’états surdendettés d’états eux-mêmes surendettés…
    il faudrait voir à la dégrader, normalement ?

    Cela dit, c’est une bonne nouvelle : les français vont voir leurs diverses cotisations augmenter et les médicaments déremboursés, ou les services supprimés… auprès de ces dits organismes d’état.
    C’est donc nouveau système de lessiveuse de créances pourries inventé par drghon
    quelle inventivité !

    Ce qui est miraculeux, c’est qur’ils vont en plus dire à la télé que ces organismes sont en déficit à cause des saletés de français qui osent se soigner quand ils sont malades, alors que l’argent de leurs versements doit en priorité rembourser les dettes pourries que la BCE refuse d’avaler.
    Cela fournira bien entendu d’excellents motifs de privatisations

  3. Mardi 27 novembre 2012 :

    Hollande : « La résolution de la crise grecque lève les doutes sur la zone euro »

    Le président français François Hollande a estimé mardi que la résolution de la crise grecque allait permettre de lever tous les doutes sur l’avenir de la zone euro, lors d’une conférence de presse commune avec le Premier ministre belge Elio Di Rupo à Paris.

    « La résolution de la crise grecque va permettre maintenant de lever tous les doutes sur l’avenir de la zone euro, son intégrité, sa pérennité », a déclaré M. Hollande après l’accord trouvé dans la nuit de lundi à mardi sur les moyens de réduire la dette grecque.

    Fin de citation.

    François Baroin a été ministre de l’Economie et des Finances de juin 2011 à mai 2012. François Baroin vient de publier un livre, « Journal de crise ». Il raconte une réunion secrète qu’il a organisée pour prévoir les conséquences concrètes d’un éclatement de l’euro. Il baptise cette réunion « Black Swan ».

    François Baroin raconte cette journée de novembre 2011 : c’est la page 13 et les suivantes :

    Cette hypothèse-là, le « cygne noir », je ne l’avais pas imaginée jusqu’alors. Je réunis autour de moi trois personnes de confiance. Discrétion obligatoire. Ils ne devront en parler à personne, ni à la presse, évidemment, ni même à leur entourage. Le rendez-vous a lieu dans mon bureau, au sixième étage à Bercy. C’est une discussion sans documents. Pas de traces. Chacun sait que l’objet seul de la réunion, s’il était connu, pourrait avoir des conséquences désastreuses.

    Nous sommes dans l’obligation d’imaginer une implosion de la zone euro et ses terribles conséquences. Même si j’espère et crois que nous parviendrons à un dénouement « heureux », je rappelle que nous ne pouvons pas exclure à 100 % le pire scénario. Le pire ? La sortie de la Grèce de l’euro, un effet de contamination, une théorie des dominos qui entraînerait l’éclatement de la zone euro et de facto la sortie de la France. Un scénario cauchemar. Je demande à ces personnes de confiance de travailler sur deux hypothèses : le coût de la sortie de la Grèce de la zone euro pour la France et deux types de pertes : celles du secteur banques-assurances d’une part, et celles de l’éclatement de la zone tout entière d’autre part. Je veux pouvoir, si nécessaire, donner ces informations au président et au Premier ministre. Il nous faut tout envisager : combien de temps prendrait cette sortie de l’euro ? Comment s’organiserait la fabrication d’une nouvelle monnaie ? Quelles seraient les conséquences d’une telle annonce ? Comment éviter un bank run, une panique bancaire, lorsque les clients se ruent dans les banques pour retirer tout leur argent ? Quel pare-feu faudrait-il mettre en place ? Quel montant ? Quel plan pour sauver l’épargne, le système bancaire et au bout du compte notre économie ? Un fil rouge, un seul : protéger les économies des Français. Rien ne doit filtrer. Pour éviter un affolement général, mais aussi une défiance des marchés, des attaques contre l’économie de notre pays, et un effet boule de neige.

    http://www.amazon.fr/Journal-crise-Fran%C3%A7ois-Baroin/dp/2709639645/ref=sr_1_1?s=books&ie=UTF8&qid=1353187307&sr=1-1

    Ce livre de François Baroin montre la différence entre les paroles et les actes des dirigeants politiques européens :

    – Dans leurs paroles, devant les caméras de télévision, les dirigeants politiques européens nous disent avec un grand sourire : « La crise de la zone euro est finie. Tout va bien. Tout s’arrange. Nous contrôlons la situation. »

    – MAIS AU MEME MOMENT, dans leurs actes, dans le plus grand secret, ils préparent l’éclatement de la zone euro.

    C’est une belle bande de menteurs.

    Des menteurs de droite, des menteurs du centre, des menteurs de gauche.

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