L’euro na pas éclaté… lundi matin !

C’est génial : on se croirait revenu au bon vieux temps du système de Bretton Woods, ce qui nous rajeunit agréablement !
Un article du Spiegel prédisait vendredi soir la sortie imminente de la Grèce de l’euro-système à la suite d’une réunion extraordinaire d’intervenants majeurs de la zone euro (i.e. en dehors de tout cadre normal).
Lundi matin, la Grèce n’a pas dévalué, c’est-à-dire qu’elle n’est pas sortie de la zone euro, en attendant la suite : nous ne dévaluerons pas… jusqu’au jour où la dévaluation aura lieu.
Pour les raisons que j’ai indiquées, la situation actuelle n’est plus tenable.

Soit la zone euro devient une nation, les nations la constituant disparaissant, ce qui permettrait de conserver tous les pays membres dans cette entité, les excédents de l’ex Allemagne compensant durablement les déficits fondamentaux de ces cochons de pays du Club Med (comme c’est le cas pour l’ex Allemagne de l’Est), soit les pays membres restent indépendants, et dans ce cas, l’euro système ne peut qu’éclater à cause de ces déséquilibres fondamentaux intra communautaires.

Les Allemands ne sont certainement pas prêts à accepter la disparition de l’Allemagne surtout pour financer éternellement le Club Med.
Ils ont accepté des sacrifices en incorporant l’ex Allemagne de l’Est car ses habitants sont des Allemands, mais ils n’accepteront jamais de le faire pour les Grecs d’abord avec la perspective de le faire pour les autres pays du Club.
Il en est de même pour les autres peuples de la zone euro qui ne voudront jamais renoncer à la souveraineté de leur nation.

Dès lors, la zone euro ne peut plus qu’éclater, la seule inconnue étant la date.
La Grèce est un petit pays, mais sa sortie de la zone euro aura des conséquences importantes et graves : c’est le début de la chute de dominos dont la fin est difficilement cernable.
Un exemple : les créances de nos Gos banques sur la Grèce, l’Irlande et le Portugal sont de l’ordre de 100 milliards d’euros, les pertes potentielles se montant à 50 milliards pour un total de leurs capitaux propres de 200 milliards seulement. Ça ne passe pas !
Comme l’a déclaré le directeur du FMI : les contribuables devront renflouer ces banques.

Les dettes publiques et des banques augmentent vertigineusement. Heureusement, l’offre de capitaux est importante. Elle peut répondre à cette demande mais à un prix élevé pour les contribuables et à des conditions létales.

Comme je l’ai écrit, tout s’est précipité au cours de la 1° semaine de 2011 : l’euro chutait logiquement par rapport au dollar (US$) ainsi que les cours des Gos banques. Pour sauver la situation à court terme, la communauté financière euro-zonarde a décidé de faire monter l’euro par rapport au dollar, ce qui ne fait que différer les échéances douloureuses.
Axel Weber a démissionné la semaine suivante (car il ne voulait pas gérer une telle situation) avec effet au… 1° mai !
Depuis la semaine dernière, tout peut arriver à tout moment.

La nomenklatura et la communauté financière euro-zonarde font tout pour retarder l’inéluctable.

7 réflexions sur “L’euro na pas éclaté… lundi matin !”

  1. Bonjour M. Chevallier,

    J’ai une petite question sur la manière concrète qu’a pu utiliser la « communauté financière euro-zonarde pour faire monter l’euro par rapport au dollar » ?

    J’ai vu la BNS (Suisse) dépenser des milliards pour faire descendre (ou plutôt empêcher de monter) le Franc Suisse par rapport à l’Euro et au Dollar, en vain, ou presque.

    Les banques enropéennes sont quant-à elles en défaut de paiement, ou presque : elles n’ont plus de Dollars (à l’exception des banques Allemandes, seul gros pays exportateur qui ainsi reçoit des Dollars). Il faut bien des Dollars aux banques pour pouvoir vendre des Dollars et le faire baisser, tout en achetant de l’Euro pour le faire monter ?

    Je vous avoue que j’ai du mal à comprendre. Comment fait donc cette communauté financière euro-zonarde ?

    Meilleures salutations
    Didier

    1. Vous, au moins, vous avez bien compris ce problème de défaut de paiement en $ dans la zone € ! ce qui est rare !!!
      La montée de l’€ / $ s’est faite surtout grâce à l’augmentation des taux de la BCE et l’annonce de la poursuite de cette politique monétaire, ce qui rend attractif (à court terme) les placements en € / $, ce que ne pouvait pas faire la BNS… en sens contraire : il aurait fallu imposer un taux d’intérêt négatif !!!
      Les bk françaises en particulier sont alimentées en $ grâce aux transferts de la Buba sur la BdF, cf. mes articles à ce sujet : elles ont donc des $ !
      Problème : ça ne pouvait pas durer longtemps ! 1 € à 1,50 $ était la limite à ne pas atteindre ! après, ça plonge…

  2. Bonjour ,
    Les banques françaises ne vont elles pas avoir la tentation de fourguer les emprunts grecs et portugais qu’elles possèdent dans les fonds euros des assurances vie de leurs clients , qui deviendront donc les grands perdants de ce marché de dupes ?

  3. Bonjour,

    Que d’agitations depuis la réunion mentionnée par le Spiegel!!! Ce matin, Eric Le Boucher sur Europe refusait d’envisager un départ de la Grèce. Axel de Tarlé était moins catégorique une heure plus tard mais le problème posé par l’euro n’est plus nié.
    Plutôt que de parler d’une sortie de l’Euro par la Grèce, si c’était l’inverse qui se passait à savoir le départ des pays vertueux et l’Euro laissé aux PIIGS?
    Au-delà des retombées strictement politiques, une telle hypothèse est-elle envisageable au plan économique?

    1. J’avais retenu cette hypothèse, mais ce n’est pas possible car l’Allemagne serait perdante en recevant des € qui ne vaudraient plus rien !
      Ses dirigeants ont avantage à rester dans l’€ système pour conserver des créances en € fort ersatz de DM.

  4. Comme « effet collatéral », peut-on prévoir que le « le directeur du FMI  » retarde son éventuelle entrée en campagne électorale en France jusqu’à ce que la situation se soit clarifiée, et que l’équipe en place gère la crise ?
    Sinon il devrait expliquer dans son programme de gouvernement comment « les contribuables devront renflouer ces banques », ce qui ne serait pas son meilleur argument de campagne….

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