Les mécanos de la Générale font des progrès : au cours des années précédentes, et en particulier dans les Etats financiers au 31 décembre 2010, ils publiaient leur bilan en faisant apparaitre dans les capitaux propres des Instruments de capitaux propres et réserves liées (entouré en bleu)…
Document 1 :
… dont la composition était précisée 2 pages plus loin : 25,059 milliards d’euros pour les Instruments de capitaux propres et réserves liées (entouré en bleu) et un total des capitaux propres sans les minoritaires de 42,204 milliards (entouré en vert) en 2009…
Document 2 :
(cliquer sur les documents pour les agrandir)
… en 2010, entouré en rouge : 25,356 milliards d’euros pour les Instruments de capitaux propres et réserves liées (entouré en bleu) et 46,421 milliards un total des capitaux propres sans les minoritaires de 42,204 milliards (entouré en vert),
Document 3 :
La note 27 page 300 reprenait la composition de ces Instruments de capitaux propres et réserves liées : l’alinéa 2,1 précisait qu’il s’agissait de Titres subordonnés, l’alinéa 2,2 d’Actions de préférence et l’alinéa 2,3 de Titres super-subordonnés, c’est-à-dire des éléments qui doivent être considérés comme des dettes et non pas des capitaux propres selon les règles internationales édictées par la BRI et recommandées par ce bon vieux Greenspan…
Logiquement, le total de ces Instruments de capitaux propres et réserves liées devait être soustrait du total des capitaux propres publiés de façon à déterminer les véritables capitaux propres pour établir le leverage réel, ce que j’ai fait précédemment.
Dans ces conditions, sur la base des chiffres publiés par les mécanos de la Générale, le leverage réel se montait à 50 ! … ce qui constituait le record des banques systémiques mondiales (SIMIs).
A ma grande surprise, j’ai constaté ce matin que les mécanos de la Générale avaient modifié la présentation de leur bilan 2011, en particulier sur ces points, en faisant apparaitre une colonne intitulée Instruments de capitaux propres émis portant sur 6,173 milliards d’euros en 2011 (et 7,382 milliards en 2010) constitués de Titres subordonnés, d’Actions de préférence et de Titres super-subordonnés, c’est-à-dire de dettes (selon la BRI), le tout détaillé en note 28 page 99.
C’est une bonne surprise qui prouve que des mécanos a priori dépourvus d’intelligence, c’est-à-dire idiots, peuvent continuer à publier n’importe quoi sans comprendre ce qu’ils font pendant des années sans que personne s’en aperçoive (sauf moi !), et ô miracle, ces idiots peuvent, en réfléchissant beaucoup pendant un certain temps, finir par comprendre, trouver et rectifier leurs erreurs… ce qui peut redonner un peu d’espoir à beaucoup d’autres idiots inutiles !
Ainsi, s’ouvre une nouvelle ère radieuse pour les gloires de Natixis et d’une façon générale pour les analystes financiers patentés, parfaitement incapables de décrypter correctement les comptes d’une Gos banque mais capables de pondre des analyses sur des Gos banques qui publient des bilans folkloriques (et même pas de bilan du tout comme c’est le cas pour les trimestriels de BNP !), les journaleux et autres bonimenteurs étant a priori toujours irrécupérables.
Il leur suffit de se mettre au travail : lire mes articles, y réfléchir, ce qui demande un certain temps et un minimum d’efforts, mais parfois, les résultats sont positifs comme l’ont montré les mécanos de la Générale.
Bien entendu, ils auraient dû publier au moins un document rectificatif expliquant ce problème et sa résolution en mettant à jour les informations pour les années précédentes afin de pouvoir suivre l’évolution sur plusieurs années de ce leverage qui est un instrument d’analyse indispensable (pour tout analyste compétent).
Normalement, des autorités sont censées contrôler les comptes, des banques et surtout des sociétés cotées. Il faudrait qu’il existe en France une telle autorité pour surveiller les marchés financiers comme c’est le cas dans les grands pays…
Et une fois de plus, comme mes lecteurs, j’ai pu constater la justesse de mes analyses qui ouvrent par ailleurs la voie à la spéculation gagnante…
Cliquer ici pour accéder aux informations des mécanos de la Générale (colonne Etats financiers).
Lisant ce matin (16/02/12) les sous titres infos sur Bfm Tv, j’ai vu que SocGen produisait au bilan 2011 une baisse de 30 et qques % ( de mémoire ) de son chiffre d’affaire NET. J’ai pensé à Vous Mr Chevallier.
Il est évident, pour tout comptable qui se respecte, et même pour un citoyen lambda doué d’un peu de bon sens devant une barre en T familiale, que l’on ne peut pas mettre des TS ou des TSS à l’Actif !, çà tombe sous le sens !.
Si tous les français découvrent la Vérité, imaginez le désastre et les mouvement de foule !. Celà même que l’Etat a voulu éviter en 2008 !. A cette époque, les détracteurs se sont contentés de crier que l’Etat donnait de l’argent aux banques ; mais ils se sont bien gardé d’expliquer en détail pourquoi !. Et l’Etat a rétorqué que cette « aide » serait non seulement remboursée mais rapporterait en plus (+) des intérêts ! ( sur le dos de qui au juste ?!…. )
Vu ce que l’on entend cejourd’hui, de tout bord, en vue des élections en mai prochain ?, y’à vraiment de quoi se taper sur le ventre !.
De ma Vie, je n’ai jamais vu que l’on bâtissait un avenir, correct et durable pour Tous, sur le mensonge.
Un grand Merci à Vous pour cette Etude magistrale, explicite, avec références, et remarquablement bien commentée.
« Un mensonge qui n’est contredit par personne/accepté par tous devient la vérité. »
Merci à vous de détruire les illusions dans lesquelles ces gens tentent de nous enfermer.
Vous êtes un peu le Platon cerné par la horde des stratégistes sophistes diffuseurs de crétineries dans le monde de l’économie.
M. Chevallier,
Que sont des titres subordonnés?
Lui se penche aussi sur les comptes http://www.insolent.fr/2012/02/dans-une-situation-detau-budgetaire.html
« Dans une comptabilité ordinaire, en effet, la participation au MES, comme les concessions de fréquences 4G ne figureraient pas dans un compte d’exploitation, mais dans un compte de bilan.
On peut certes considérer d’emblée que la créance française en capital sur le MES ne sera jamais récupérée, qu’elle ne vaut donc rien et qu’il convient de la déprécier. Dans un tel cas, peut-être affreusement réaliste, il faudrait l’inscrire en provisions. On n’ose pas faire de la sorte, cela équivaudrait à avouer la stérilité du dispositif.
En fait la comptabilité publique persiste à confondre allègrement investissements et dépenses courantes, plus-values de cessions, par hypothèse exceptionnelles et revenus réguliers, etc. Commettant cette erreur pour elle-même on comprend, d’ailleurs, que ses théoriciens fiscalistes cherchent à l’introduire dans la fiscalité de l’épargne.
Ainsi donc, elle n’amortit aucun équipement. Elle ne provisionne aucune créance douteuse. Elle est restée largement incapable d’évaluer le patrimoine cessible de l’État. Elle se contente de tenir un compte d’entrées et de sorties de caisse comme le fait une association de joueurs de pétanque. »
À propos de titres subordonnés et de banquiers délirants :
De l’étalon-or à l’étalon-daube
Ces derniers mois, la BCE est intervenue massivement sur le marché secondaire de la dette souveraine, par divers canaux, multipliant son bilan par plus de deux depuis le début de la crise, comme toutes ses consœurs d’ailleurs.
Autrefois, les monnaies étaient gagées sur de l’or physique, voire de l’argent. Au fil du temps, cette discipline s’est perdue… Depuis la fin de l’étalon or (15 Août 1971), les émissions de monnaies par les banques centrales étaient supposées être gagées par des placements « collatéraux » très sûrs, « notés AAA », comme cela se disait alors. Jusqu’à la présente crise…
En gonflant son bilan de dettes souveraines de notation de plus en plus médiocre, et de toute façon outrageusement optimiste, pour sauver les banques détentrices de ces dettes d’une débâcle certaine, la banque centrale prend un risque énorme : reconnaître que sa base monétaire est fondée sur des actifs pourris, des dettes dont le remboursement intégral se fait chaque jour plus hypothétique, bref, des « daubes »… Si le non remboursement de ces dettes se matérialise, les détenteurs d’actifs libellés en euros se rendront compte que l’étalon-daube n’a pas toute la valeur qu’on lui prêtait encore il y a peu.
Cela pourrait entrainer une chute d’une ampleur inégalée sur la monnaie européenne, malgré la gestion tout aussi calamiteuse des monnaies concurrentes, et une vente panique de tous les actifs libellés en Euros, ainsi qu’une course à l’achat de tout ce qui sera supposer stocker de la valeur par les détenteurs de cette devise, pour limiter la casse, bref, un vrai « risque systémique », comme l’on dit dans la bonne société. Et cela, la BCE préfèrerait l’éviter.
Quand on a fait une grosse bêtise, il y a deux attitudes possibles : assumer et réparer, ou tenter de tricher pour dissimuler sa bêtise, en espérant qu’un miracle vienne arranger la situation. Mais souvent, la fuite en avant ne fait qu’aggraver le mal. C’est pourtant la voie que la BCE a choisi pour éviter la chute de « l’étalon-daube ».
La BCE s’assoit sur le droit
Pour éviter que ses obligations pourries ne lui explosent à la figure, la BCE a cru bon de se garantir contre le non remboursement de la dette grecque en imposant au gouvernement grec que ses obligations soient échangées avec de nouveaux titres au taux de 1 pour 1, alors que la négociation avec les créanciers privés n’est pas terminée mais pourrait leur coûter plus de 70% de décote.
Autrement dit, la BCE s’est arrogée, hors de toute base contractuelle, hors de tout processus constitutionnel ou législatif, un droit de priorité exorbitant sur tous les autres créanciers. Tout détenteur de dette grecque autre que la BCE devient de facto détenteur d’une créance « subordonnée », ou « junior », c’est à dire encore plus risquée que si tous les créanciers étaient considérés à égalité. Autrement dit, tout détenteur de dette grecque a acheté une dette « senior », et se retrouve avec une tranche « junior » dans les mains…
Pour bien comprendre : imaginez que vous prêtiez 100 euros à un débiteur qui doit 1000 euros à tous ses créanciers, et que ce débiteur soit en faillite, et que l’analyse de sa situation conduise les deux parties à estimer que, pour que les créanciers aient une chance de revoir une partie de leur argent, ils doivent accepter 50% de remise de dette. Si tous les créanciers sont égaux, vous vous retrouvez avec 50 euros de créances en mains, et l’ensemble des créanciers est créditeur de 500 euros.
Mais imaginons qu’un créancier détenant 250 euros soit prioritaire sur tous les autres et se voie, dans la négociation, gratifié d’un échange à 100% de la valeur. le débiteur est exactement dans la même situation financière, et doit réduire sa dette totale à 500 euros pour espérer survivre. Il reste donc aux détenteurs des autres 750 euros seulement 250 euros à se partager, soit 33% de la valeur initiale de la dette qu’ils détenaient. Et si le créancier prioritaire détient une part encore plus importante de cette dette, les autres, a fortiori, sont encore plus dilués. Par conséquent, la dette subordonnée est bien plus risquée que la dette qui ne l’est pas.
Si l’acheteur le sait avant, pas de problème : il demandera une rémunération supérieure de sa dette subordonnée pour couvrir son risque. Toutes les banques ont de la dette subordonnée à leur bilan, que les règles prudentielles leurs permettaient encore récemment de considérer comme des quasi-fonds propres. Mais dans le cas des obligations souveraines, tous les titres ont été émis égaux, et un créancier particulier, la BCE, vient de s’auto-proclamer prioritaire, avec la bénédiction des états, qui en sont actionnaires : ce n’est ni plus ni moins que du vol.
Contagion aux autres titres souverains ? Effet boomerang ?
Or, si la BCE peut s’arroger ce droit exorbitant pour la dette grecque, elle peut le faire pour toute obligation souveraine d’un autre état ! Bill Gross, patron du fonds d’investissement Pimco, un des plus gros acheteurs privés d’obligations dans le monde, résume ainsi la situation, sur son compte Twitter (info Zerohedge) :
[voir la note originale]
La dette subordonnée (« junior ») est plus risquée que la dette de premier rang (« senior »). Par conséquent, les acheteurs de dette souveraine devront, lorsqu’ils achètent ces titres, évaluer leur risque de « dilution » par la BCE en cas de défaut, et réévaluer ce risque dès que la BCE effectuera le moindre achat de titres souverains. Quel prix donneront ils à ce risque supplémentaire ?
Pire encore : plus la BCE achètera des titres souverains, plus elle subordonnera les autres acheteurs, qui seront encore plus « dilués » en cas de défaut. A l’immoralité, la BCE ajoute l’incertitude. La BCE détient aujourd’hui environ 60 milliards d’obligations grecques et 233 milliards d’obligations souveraines de l’Eurozone(*). Si elle doit augmenter son portefeuille, cela ne conduira-t-il pas à l’effet inverse de celui recherché, c’est à dire à faire monter le taux exigé par les créanciers privés sur cette dette devenue « junior » ? Et donc à accumuler toujours plus de titres souverains bancals à son bilan ? Pour combattre l’effet « étalon-daube », la BCE va devoir… allonger son bilan avec toujours plus de daubes. C’est ce qui s’appelle se prendre les pieds dans le tapis.
La LTRO avait permis de faire baisser un peu les taux demandés sur les dettes de l’Italie, de l’Espagne, et du Portugal. L’entourloupe de la subordination pourrait rapidement inverser la tendance. C’est ce qu’estime aussi le WSJ (lien payant), qui nous apprend qu’au sein du Board de la BCE, la seule voix raisonnable, celle de l’allemand Jens Weidmann, a voté contre cette mesure.
Les PIIGS, mais peut être aussi la France ou la Belgique, pourraient donc rapidement voir le coût de leurs adjudications obligataires augmenter. Compte tenu des niveaux atteints par la dette souveraine, toute augmentation de taux aura des effets extrêmement négatifs sur les soldes budgétaires publics, annulant les effets de nombreuses mesures d’austérité, accroissant la méfiance des investisseurs, etc… Une nouvelle spirale de flambée de taux obligataires devient hélas très probable pour les emprunteurs jugés les plus fragiles.
Conclusion : On paie toujours la facture de ses erreurs
Chaque pirouette imaginée par les gouvernants et banquiers centraux pour « sortir » de la crise -en fait, retarder la rechute – finit par revenir en boomerang à la figure de ceux qui l’ont imaginée.
A chaque sauvetage de très court terme, ils empilent les effets pervers… Faute d’avoir reconnu en temps utile que l’explosion de la dette nous emmenait dans le mur, et d’avoir fait face avec courage aux conséquences de ce surendettement lorsqu’il en était encore temps, ils ont triché, biaisé… Et demandé à la banque centrale de faire tout ce qu’elle ne devait pas avoir le droit de faire : gager notre monnaie sur du sable. Sur des daubes. Sur du vent. Sur des promesses intenables.
L’étalon-daube. Voilà ce qui nous tuera.
http://www.objectifeco.com/spip.php?page=article&id_article=3174