Monétarisme : USA / zone €

Tout est simple, je ne comprends pas pourquoi tant de gens ne comprennent pas ! … disait Milton Friedman.

Personnellement, je ne comprends pas, moi non plus, pourquoi tant de gens ne comprennent pas les problèmes économiques et financiers qui se posent actuellement et qui sont finalement simples (Bécassine a mis moins de 2 mois, en Amérique, pour comprendre ceux des banques) et je n’ai pas encore trouvé de personnes faisant les bonnes analyses monétaristes, à part les gens de la Fed qui ne les explicitent pas bien entendu.
Je reviens donc sur quelques aspects pour faire le point : d’abord sur les agrégats monétaires…

L’argent sain est le premier pilier des Reaganomics, ce qui signifie qu’il ne doit pas y avoir de création monétaire.

L’argent est sain aux Etats-Unis comme le montre la proportion des agrégats M1 et M2-M1 par rapport au PIB depuis l’après guerre,
Document 1 :

M2-M1 correspond à l’argent déposé dans les caisses d’épargne, c’est-à-dire à l’épargne des Américains qui fluctue historiquement autour de 40 à 45 % du PIB mais qui dépasse cette norme depuis le début des turbulences financières (avec la crise des sub-prime, la faillite de Lehman et la crise de l’euro-système) : c’est une épargne de précaution qui est trop forte, ce qui diminue la demande, donc la croissance du PIB.

Le bombardier furtif B-2, Ben Bernanke, a fait supprimer la publication des chiffres de M3-M2 dès sa prise de fonction à la tête de la Fed, ce qui ne permet pas de connaitre cette donnée fondamentale (que seuls connaissent les gens de la Fed).

M3-M2 correspond à la trésorerie globale des entreprises. C’est l’hypertrophie de cet agrégat qui a provoqué le début des turbulences. Elle a éclaté avec la crise des sub-prime et surtout la faillite de Lehman. Elle n’a été visible que dans les chiffres de la BCE dont cet agrégat évolue de la même façon,
Document 2 :

Contrairement à ce que répètent tous les idiots les plus inutiles voire nuisibles, la planche a billets de la Fed ne fonctionne pas : il n’y a pas de création monétaire en M1 qui est tombé à un niveau historiquement très bas depuis 1997,
Document 3 :

Les billets en circulation restent à un niveau très bas depuis l’après guerre.
La masse des soldes positifs des comptes courants (TCD), tombée à un niveau anormalement bas, remonte à 6,5 % du PIB, ce qui reste très bas.

A l’opposé, l’argent n’est pas sain dans la zone euro, surtout depuis qu’elle existe : M1 est passé de 28 % du PIB en 1998 à 50 % depuis 2009
Document 4 :

… alors que M1 aurait dû baisser aux alentours de 15 % du PIB comme aux Etats-Unis (flèche verte),
Document 5 :

M1 se monte à 4 717 milliards d’euros fin juillet dans la zone euro contre 2 105 milliards de dollars au 28 août dernier aux Etats-Unis !

L’hypertrophie de M1 est considérable dans la zone euro. C’est cette masse, cette énorme bulle qui est sur le point d’éclater et de provoquer un tsunami dévastateur aggravé par la vulnérabilité de big banks too big to fail qui vont tomber comme des dominos.

Je n’aurai jamais compris pourquoi tant de gens ne voient pas ce désastre pourtant bien prévisible (ni pourquoi je suis encore et toujours le seul à l’analyser).

Plus de 2 500 milliards d’euros se trouvent dans les comptes des Euro-zonards alors qu’ils ne devraient pas s’y trouver. La création monétaire est colossale.

Elle correspond à l’argent que les Grecs ont gagné en profitant des transferts provenant des excédents allemands et il en est de même dans ces autres cochons de pays du Club Med, dont la France.

M3-M2 qui était faible en 1998, dans les 10 % du PIB contre le double aux Etats-Unis, aurait dû augmenter (flèche bleue du document 5) pour représenter un tiers du PIB comme aux Etats-Unis, ce qui signifie clairement que les entreprises de la zone euro ne gagnent pas assez d’argent (et qu’il y en a trop dans les poches des salariés).

L’hypertrophie de M3-M2 qui s’est développée aux Etats-Unis depuis l’arrivée de B-2 à la présidence de la Fed (le 1° février 2006) n’est visible que sur les chiffres de… la BCE !
Document 6 :

Tout est simple, Milton Friedman a raison.

18 réflexions sur “Monétarisme : USA / zone €”

  1. Et comment profiter de cette crise previsible qui va venir ?

    Vendre de l’immobilier maintenant, en acheter ? qu’elle devise ? de l’or ?

    cordialement

  2. Samedi 3 septembre 2011, un article très important dans le Wall Street Journal :

    Talks on Greek Bailout Are Stalled.

    The suspension pushed yields on Greek government debt to levels indicating that investors see a default by Athens soon as a near certainty : Interest rates on one-year paper blew out past 70 % and two-year yields rose close to 50 %.

    « I expect a hard default definitely before March, maybe this year, and it could come with this program review, » said a senior IMF economist who is keeping close tabs on the situation. « The chances for a second program are slim. »

    Traduction :

    Les pourparlers sur le renflouement grec sont au point mort.

    La suspension des pourparlers a poussé les rendements sur la dette grecque à des niveaux indiquant que les investisseurs voient un défaut de paiement d’Athènes comme une quasi-certitude à brève échéance : les taux d’intérêt sur ​​les obligations à un an dépassent 70 % et les taux des obligations à deux ans sont de presque 50 %.

    « Je m’attends à un dur défaut de paiement certainement avant Mars, peut-être même cette année, et il pourrait venir avec cet examen de programme d’aide », a déclaré un économiste du FMI qui garde un œil attentif sur la situation. « Les chances pour un deuxième programme d’aide sont minces. »

    http://online.wsj.com/article/SB10001424053111904583204576545811058225074.html?mod=WSJEurope_hpp_LEFTTopStories

    Grèce : taux des obligations à un an : 72,054 %. Record historique battu.
    Grèce : taux des obligations à 2 ans : 47,202 %. Record historique battu.
    Grèce : taux des obligations à 10 ans : 18,282 %. Record historique battu.

  3. bonsoir
    vous écrivez « L’hypertrophie de M1 est considérable dans la zone euro. C’est cette masse, cette énorme bulle qui est sur le point d’éclater et de provoquer un tsunami dévastateur aggravé par la vulnérabilité de big banks too big to fail qui vont tomber comme des dominos.Plus de 2 500 milliards d’euros se trouvent dans les comptes des Euro-zonards alors qu’ils ne devraient pas s’y trouver. »

    Ces 2500 milliards d’euros peuvent ils être « détruits » ? de quelle manière ? merci

  4. Bonsoir Monsieur Chevallier,

    Si les Etats -Unis ne craient pas d’argent , contrairement à l’Europe;
    comment se fait-il que l’Euro soit plus fort que le Dollar.
    Cela devrait -il pas precisement etre le contraire !?!

    Vous evoquez les mauvaises banques Allemandes (DB Cmzbk)
    mais, en existe-t-il de bonnes selon vos criteres ?

    Cordialement

  5. Bonjour,

    J’ai une question. vous écrivez : »ce qui signifie clairement que les entreprises de la zone euro ne gagnent pas assez d’argent (et qu’il y en a trop dans les poches des salariés). »
    Je suis étonné par ce propos. Les salaires européens ne sont pas mirobolants et la productivité n’est pas ridicule.
    Cet argent n’est-il pas plutôt dans les charges sociales payées sur les salaires et finançant à la fois quantité de parasites et d’ayant « droits à » ?
    Bref cet argent n’est-il pas dans les poches des inactifs et des non productifs de la fonction publique et para-publique?

  6. Tout est simple…, oui pour qui connait le monétarisme,…
    sauf qu’avec ma culture économique, j’ai du mal à comprendre,… même avec vos explications.

    Pourriez-vous préciser:
    1- En quoi, l’hypertrophie de M1 engendrera un tsunami dévastateur. Est-ce que cette masse de monnaie va se déverser et créer de l’inflation voire de l’hyper-inflation dans la zone euro?
    2- Pourquoi sur le document 5, la bulle de 2008 de M3-M2 que l’on voit sur le document 6 n’apparait pas sur la courbe bleue? Est-ce dû au dénominateur GDP qui aplatit la courbe?
    3- Quel livre conseillez-vous pour se mettre à niveau?
    Cordialement,
    Guy

  7. Bonjour,
    Vous dites, M3-M2 représente la trésorerie globale des entreprises.
    Pourquoi l’hypertrophie de cet agrégat a sonné le début des turbulences en 2008? Quel est le lien, car j’aurais plutôt pensé (surement à tort) que c’était plutôt une bonne chose qu’il soit important?
    Merci
    Michel

  8. Vous aviez encore une fois raison.

    AFP le 05/09/2011 à 09:34
    Pérol admet des « tensions » sur le refinancement en dollars des banques françaises :

    Le Président de la Fédération bancaire française (FBF), François Pérol, reconnaît l’existence de tensions sur le refinancement des banques françaises pour leurs opérations en dollars, déjà relevées dans une récente analyse de l’agence de notation Moody’s Investors Service.
    Dans un entretien au quotidien Les Echos daté de lundi, M. Pérol relève que, si « la liquidité en euros ne pose pas de problème », « le refinancement en dollars est plus tendu ».
    L’agence Moody’s avait déjà affirmé jeudi que les banques françaises, en raison de leur dimension internationale et donc de leur besoin de financement en dollars, étaient plus susceptibles d’être affectées par des problèmes de financement que les autres banques européennes.
    Les inquiétudes liées à la question des dettes souveraines en zone euro ont notamment conduit ces derniers mois les fonds monétaires américains à réduire leur exposition aux banques européennes, selon Moody’s.
    Or, à la différence des systèmes bancaires qui sont financés principalement par les dépôts et sont donc en conséquence moins affectés par ces développements — ce qui est le cas du système italien –, certaines banques françaises ont des besoins très vastes de financement en dollars, avait-t-elle expliqué.

  9. Bonjour,
    Je ne comprends pas bien le rapport de cause à effet entre l’hypertrophie de M1dans la zone euro et le « tsunami dévastateur » dont vous parlez? Quelles vont-être les conséquences? hyper-inflation?
    Pourriez-vous préciser SVP pour des non-initiés.
    Merci
    Guy

  10. Le président du directoire de la Deutsche Bank, Josef Ackermann, a à son tour jeté de l’huile sur le feu en précisant que certaines banques européennes ne survivraient pas si elles devaient réévaluer la dette souveraine de leurs comptes au prix du marché. Une recapitalisation obligée du secteur bancaire européen risquerait quant à elle d’envoyer un mauvais signal aux marchés, en l’espèce celui d’une perte de foi de la part des autorités dans la capacité des mesures prises à réussir, a toutefois ajouté Josef Ackermann.

    http://www.lefigaro.fr/marches/2011/09/05/04003-20110905ARTFIG00323-la-mauvaise-humeur-pourrait-encore-peser-sur-le-cac-40.php

  11. Ca y est, l’immobilier commence à peter à Paris => -3% sur juillet-aout. C’est toute l’économie française qui doit se corriger et se moderniser. Le gouvernement n’est pas la solution, c’est le problème.

  12. Lundi 5 septembre 2011 :
    En zone euro, deux groupes de pays sont en train de s’éloigner l’un de l’autre de plus en plus vite.

    1- Premier groupe : les Etats européens en qui les investisseurs ont confiance.
    Leurs taux d’intérêt sont en train de s’effondrer.
    Allemagne : taux des obligations à 10 ans : 1,8 %.
    Pays-Bas : taux des obligations à 10 ans : 2,3 %.
    Finlande : taux des obligations à 10 ans : 2,3 %.
    Autriche : taux des obligations à 10 ans : 2,6 %.
    France : taux des obligations à 10 ans : 2,6 %.

    2- Second groupe : les Etats européens en qui les investisseurs n’ont plus confiance.
    Leurs taux d’intérêt sont en train de monter.
    Espagne : taux des obligations à 10 ans : 5,2 %.
    Italie : taux des obligations à 10 ans : 5,5 %.
    Irlande : taux des obligations à 10 ans : 8,7 %.
    Portugal : taux des obligations à 10 ans : 10,7 %.
    Grèce : taux des obligations à 10 ans : 19,3 %.

    Ces deux groupes de pays divergent de plus en plus.
    Cette divergence est intenable.
    La zone euro est un navire dont la proue et la poupe s’éloignent l’une de l’autre : ça va finir par craquer.
    Aujourd’hui, lundi 5 septembre 2011, nous sommes en train de vivre la dislocation de la zone euro.

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