Bund : grosse Katasrophe !

Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des Finances, vient de déclarer que l’Allemagne n’emprunterait pas en 2015, ce qui ne s’est pas produit depuis… 1969 !

En effet, les comptes publics allemands devraient être excédentaires en 2015, ce qui permettrait à l’Etat de ne pas emprunter… tout en remboursant ses dettes venues à échéance.

D’une part, c’est une très grande réussite de la politique très libérale menée en Allemagne y compris par la gauche qui a été plus ou moins au pouvoir, mais d’autre part, c’est la pire des situations : celle que craignait par-dessus tout ce bon vieux Greenspan lorsque le budget de l’Etat fédéral était excédentaire.

En effet, pas de nouvelles dettes publiques, c’est à terme la disparition du marché obligataire public, c’est-à-dire celle des bons du Trésor à 10 ans qui sont à la base de tous les marchés.

Pas de nouvelles dettes, c’est aussi un Bund plus rare donc plus cher, donc avec des rendements plus bas, donc des taux d’intérêt très bas en Allemagne, ce qui permettra aux entreprises et aux particuliers d’investir avec peu de charges financières.

Pas de nouvelles dettes, c’est aussi la disparition du seul véritable moyen d’action dont dispose une banque centrale : celui de racheter ou de vendre des bons du Trésor (et d’en fixer les taux de base) pour moduler la croissance, comme l’a expliqué en son temps Milton Friedman.

Heureusement, les cochons de pays du Club Med fournissent une offre très abondante et en augmentation de mauvais bons ainsi que les Américains Obabamesques.

Wolfgang Schäuble aurait l’intention d’essayer de faire comprendre les bases de l’économie libérale à notre Sapin de Noël. Il a manifestement du temps à perdre.

11 réflexions sur “Bund : grosse Katasrophe !”

  1. « En effet, les dépenses publiques allemandes devraient être excédentaires en 2015 » -> ce sont les recettes qui devraient être excédentaires, non ?

    « pas de nouvelles dettes publiques, c’est à terme la disparition du marché obligataire public, c’est-à-dire celle des bons du Trésor à 10 ans qui sont à la base de tous les marchés. » -> pas de nouvelles dettes, certes, mais toujours les anciennes à rouler (on n’en est pas encore à rembourser les anciennes, on parle d’équilibre, pas d’excédent, vous interprétez).

    Petite forme Jean-Pierre ?

    1. Oui, sur les comptes publics… qui sont excédentaires et non les dépenses, cf. correction effectuée, merci !
      … Mais ces comptes excédentaires permettent de rembourser les dettes venues à échéance, là j’ai raison !

  2. les allemands se sont des gens discipliner après avoir perdu les deux guerres avec toute les conséquence économique que ceci implique après la deuxièmes guerres mondiales Allemagne étais que champ de ruine et aujourd’hui ses la première puissance économique ses presque un miracle

  3. Et au même moment, hier, la Boj ose monétiser la dette à des taux négatifs en rachetant des bons du trésor à 3 mois à un taux négatif de 0,004%…Est-ce une semaine de bascule du marché obligataire?

  4. Je ne suis pas sûr de comprendre:

    Pas d’emprunt nouveau en 2015 = pas d’émission de Bund du tout ou seulement pour « tourner » les Bunds à échéance?

    + Si pas de nouveaux Bund du tout = disparition de l’offre = plus de marché ==> plus de référence de taux.

    Qu’est-ce qui servira de référence au secteur bancaire?
    Qu’en conclure quant à une baisse ou une hausse des taux du secteur privé?

    Que se passerait-il, si, pour des raisons encore inconnues, la situation se dégradait et que l’Allemagne soit quand même obligée d’émettre?
    D’un côté, ce serait un aveu d’échec de nature à inquiéter le marché ==> taux en hause
    De l’autre, rareté ==> taux en baisse.

    + Si nouveaux Bunds émis pour « tourner » la dette, alors je partage votre analyse.
    Cela va être très turbulent chez les voisins.
    Le marché acceptera-t-il toujours de corréler les emprunts des autres états au Bund en intra-européen, alors que l’Allemgane sera solide et les autres incontrôlables???

  5. 1974 – 2014 : les Quarante Décadentes.

    1974 – 2014 : quarante ans de construction européenne ininterrompue.

    Résultat : un désastre.

    Sapin revoit la croissance à la baisse à 0,4% en 2014, 1% en 2015.

    Le ministre des Finances Michel Sapin a fortement revu à la baisse mercredi 10 septembre ses prévisions de croissance de l’économie française, à 0,4% cette année puis 1% l’an prochain.

    Estimant que la zone euro toute entière était confrontée à une « situation exceptionnelle » en termes économiques, il a précisé par ailleurs lors d’une conférence de presse que la faible inflation devrait perdurer en France, avec un taux prévu à 0,5% en 2014 puis 0,9% en 2015.

    http://tempsreel.nouvelobs.com/economie/20140910.OBS8680/la-france-devrait-maintenir-son-objectif-d-economies-pour-2015.html

    Vous vous rappelez toutes les belles promesses au moment du référendum sur le traité de Maastricht ?

    – « Si le traité de Maastricht était en application, finalement la Communauté européenne connaîtrait une croissance économique plus forte, donc un emploi amélioré. » (Valéry Giscard d’Estaing, 30 juillet 1992, RTL)

    – « L’Europe est la réponse d’avenir à la question du chômage. En s’appuyant sur un marché de 340 millions de consommateurs, le plus grand du monde ; sur une monnaie unique, la plus forte du monde ; sur un système de sécurité sociale, le plus protecteur du monde, les entreprises pourront se développer et créer des emplois. » (Michel Sapin, 2 août 1992, Le Journal du Dimanche)

    – « Maastricht constitue les trois clefs de l’avenir : la monnaie unique, ce sera moins de chômeurs et plus de prospérité ; la politique étrangère commune, ce sera moins d’impuissance et plus de sécurité ; et la citoyenneté, ce sera moins de bureaucratie et plus de démocratie. » (Michel Rocard, 27 août 1992, Ouest-France)

    – « Les droits sociaux resteront les mêmes – on conservera la Sécurité sociale –, l’Europe va tirer le progrès vers le haut. » (Pierre Bérégovoy, 30 août 1992, Antenne 2)

    – « Pour la France, l’Union Economique et Monétaire, c’est la voie royale pour lutter contre le chômage. » (Michel Sapin, 11 septembre 1992, France Inter)

    – « C’est principalement peut-être sur l’Europe sociale qu’on entend un certain nombre de contrevérités. Et ceux qui ont le plus à gagner de l’Europe sociale, notamment les ouvriers et les employés, sont peut-être les plus inquiets sur ces contrevérités. Comment peut-on dire que l’Europe sera moins sociale demain qu’aujourd’hui ? Alors que ce sera plus d’emplois, plus de protection sociale et moins d’exclusion. » (Martine Aubry, 12 septembre 1992, discours à Béthune)

    – « Si aujourd’hui la banque centrale européenne existait, il est clair que les taux d’intérêt seraient moins élevés en Europe et donc que le chômage y serait moins grave. » (Jean Boissonnat, 15 septembre 1992, La Croix)

  6. Mr Chevallier, sur le crédit, les finances et les dettes, un petit clin d’œil en passant, citant Proudhon (160 ans déjà) :

    « Sur 10 milliards environ de valeurs produites chaque année et destinées à la consommation, 6 milliards, s’il faut en croire l’estimation d’un savant économiste, M. Chevé, sont prélevés par le parasitisme, c’est-à-dire la finance, la propriété abusive, le budget et ses satellites ; le reste, soit 4 milliards, est laissé aux travailleurs. Un autre savant économiste, M. CHEVALIER, divisant le produit présumé du pays par trente-six millions d’habitants, a trouvé que le revenu, par tête et par jour, était en moyenne de 65 centimes ; et comme de ce chiffre il faut déduire de quoi payer l’intérêt, la rente, l’impôt et les frais qu’ils entraînent, M. de Morogues, encore un autre savant économiste, a conclu de là que la consommation journalière, pour une grande partie des citoyens, était au-dessous de 25 centimes. Or, puisque les redevances, de même que l’impôt, vont sans cesse grandissant, tandis que par la désorganisation économique le travail et le salaire diminuent, il s’ensuit que, d’après les susdits savants économistes, le bien-être matériel des classes laborieuses suit une progression décroissante que l’on peut représenter par la série des nombres 65, 60, 55, 50, 45, 40, 35, 30, 25, 20, 15, 10, 5, 0 ; – 5 – 10 – 15, etc. Cette loi d’appauvrissement est le corollaire de celle de Malthus : on en trouvera les éléments dans tous les livres de statistique. (…) »

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