La Banque de France vient de publier les chiffres de la balance des paiements du mois de décembre 2011. Tout le monde devrait en parler car c’est très important…
Le déficit de la balance commerciale de ce mois de novembre a été de 5,386 milliards d’euros (4,270 milliards le mois précédent) contre un excédent de 13,9 milliards pour l’Allemagne !
Graphique 1 :
Sur les 12 derniers mois, ce déficit est de 73 milliards d’euros (nouvelle série !), proche du record historique atteint en octobre,
Graphique 2 :
Depuis juin 2004, le cumul des déficits des biens seuls atteint un nouveau record de 328 milliards d’euros,
Graphique 3 :
Comme la France n’est plus compétitive vis-à-vis de l’étranger, surtout avec un euro fort, les entreprises étrangères ont peu investi en France (2,773 milliards d’euros) et les entreprises françaises ont investi davantage à l’étranger : 4,967 milliards, la tendance du déficit des IDE (Investissements Directs Etrangers) s’accentue,
Graphique 4 :
Depuis l’adoption de l’euro, le cumul des déficits des IDE atteint 620 milliards d’euros, nouveau record historique,
Graphique 5 :
Comme je l’ai écrit à maintes reprises, les déficits des différentes rubriques de la balance des paiements sont obligatoirement compensés par des transferts comptabilisés dans cette rubrique absconse N.4.700. Compte financier, Autres Investissements, Transactions nettes, France vis-à-vis du reste du monde, Solde, Non CVS-CJO, Mensuel, correspondant à la dette nette de la France vis-à-vis de l’étranger.
Ces transferts se sont montés à 30 milliards d’euros au cours du seul mois de décembre. Le montant de la dette nette apparente de la France est ainsi tombé à… 10 milliards d’euros fin novembre !
Graphique 6 :
Ces transferts proviennent des excédents allemands, des investissements en portefeuille en France d’opérateurs étrangers et très certainement par le rapatriement de milliards de dollars empruntés par les banques françaises aux Etats-Unis pour ne pas être en défaut de paiement dans cette devise ce qui cache l’ampleur des déficits réels (plus de 1 000 milliards d’euros !).
L’€URSS ne survit (miraculeusement) que grâce aux largesses allemandes (et aux acrobaties des banques), mais ça ne peut pas durer éternellement…
Les déficits des balances commerciales peuvent être compensés par des entrées nettes de capitaux attirés par le dynamisme d’entreprises innovantes et rentables et par la sécurité que procurent les bons d’un Trésor sain comme c’est le cas aux Etats-Unis.
Jadis, avant l’adoption de l’euro, tout le monde, de la ménagère au président de la République savait qu’une telle situation allait conduire la France à une dévaluation et à un serrage de ceinture général. Maintenant, à part quelques rares personnes encore conscientes, plus personne ne comprend ces problèmes économiques et financiers élémentaires.
Il aurait suffi de sortir de l’euro-système pour rétablir les équilibres fondamentaux. Tant que ce ne sera pas réalisé, la situation continuera à se dégrader. Elle n’est plus supportable pour les Grecs. Elle sera de plus en plus difficile à vivre pour les Français et les autres malheureux Euro-zonards.
L’€URSS peut végéter voire sombrer, ce qui n’est pas trop grave car les exportations américaines dans cette région du monde ne représentent que 2 % du PIB des Etats-Unis, ce qui est marginal, comme vient de le remarquer le bombardier furtif B-2, Ben Bernanke.
Les Européens se seront détruits eux-mêmes par leur manque de culture économique et financière, ce qui est quand même assez surprenant, mais vu les réactions des uns et des autres, tout à fait compréhensible.
Dans ces conditions, il est évident qu’il faut prendre les bonnes décisions qui s’imposent…
Le déficit commercial des U.S est aussi élevé,ou je me trompe M.Chevallier?