Erreur CoColossale !

Les petits Suisses sont les meilleurs banquiers du monde mais ils ont fait une erreur colossale en autorisant la création de ces CoCo (Contingent Convertible Bonds).

Les dirigeants d’UBS et de Crédit Suisse ont manifestement exercé une influence déterminante sur les dirigeants de certains partis détenant la majorité, donc en mesure d’établir le droit (comme en France !), pour obtenir ce qu’ils voulaient : continuer à conserver peu de capitaux propres, comme leurs homologues de la zone euro, ce qui est suicidaire (le risque systémique est très élevé), surtout pour un petit pays doté de 2 big banks too big to bail.

Une fois de plus, il faut rappeler les leçons de ce bon vieux Greenspan

Les actifs de toute entreprise ne peuvent être financés que par des capitaux propres et des dettes, ce qui est très clair en anglais car le mot passif n’existe pas : ce sont les mots Equity and Liabilities qui sont utilisés (capitaux propres et dettes).

C’est un principe élémentaire, fondamental, incontournable, irréfragable, surtout pour les banques qui sont des entreprises très particulières dont l’activité principale consiste à prêter de l’argent qu’elles ont et surtout qu’elles n’ont pas (bien entendu, elles empruntent l’argent qu’elles prêtent et qu’elles n’ont pas en capitaux propres).

C’est soit l’un, soit l’autre, et rien d’autre.
Sur ce point fondamental, aucune exception ne peut être tolérée
. Impossible de mélanger les deux (pas de Pastis !).

La distinction est très importante et elle doit être claire car elle est à la base du principal instrument d’analyse des banques qui ne doivent en aucun cas dépasser certaines limites entre le montant des dettes et des capitaux propres.
A l’origine, il y a 5 000 ans, les premiers banquiers ne pouvaient pas prêter beaucoup plus d’argent qu’ils n’en avaient car la confiance était limitée dans ce secteur.

Fin XX° siècle, des progrès considérables ont eu lieu dans la gestion des banques au point qu’il était possible d’admettre qu’elles puissent emprunter 12,5 fois le montant de leurs capitaux propres pour prêter ces fonds à leurs clients, ce qui correspond à un ratio Tier 1 de 8 %.

Les règles prudentielles d’endettement n’ont plus été respectées au début des années 2000 par la plupart des big banks et les turbulences financières initiées par le bombardier furtif B-2, Ben Bernanke, ont permis de rétablir l’ordre en abaissant toutefois les exigences du multiple d’endettement, mon µ, leverage en anglais, à 10 ce qui correspond à un ratio Tier 1 de 10 % (c’est Bâle III).

Tout est simple.
Tout doit être simple d’ailleurs pour que tout soit compréhensible par tout le monde, y compris par les innombrables idiots qui pullulent (et j’en ai débusqué certains parmi les pires…).

Mais c’est trop simple pour les dirigeants des big banks européennes qui ont réussi à tout compliquer au point que tout banquier averti peut passer des heures avec des tonnes de documents pour montrer que la réglementation permet ceci et cela, sauf en telles circonstances, etc., etc. et dire finalement et triomphalement : Mon bon Monsieur, ma brave dame, vous voyez comme c’est compliqué ! Faites moi confiance, car de toute façon, vous n’y comprendrez rien !

Erreur fatale.

Les banquiers français ont inventé, entre autres, l’histoire des titres subordonnés et super-subordonnés qui peuvent sous certaines conditions être considérés comme étant des capitaux propres (c’est la partie émergée de l’iceberg), les banquiers helvètes d’UBS et de Crédit Suisse ont inventé les CoCo.

C’est un tort car les CoCo tuent ! Le Tigre celtique a été abattu par 2 ou 3 big banks too big to bail qui ne respectaient pas les règles prudentielles d’endettement.

La réussite exemplaire des petits Suisses énerve tous les dirigeants de tous les autres pays qui seront heureux de les laisser sombrer lorsqu’UBS et Crédit Suisse seront au fond du gouffre du fait qu’ils ne respectent pas les règles.

C’était là un rappel d’une des leçons de ce bon vieux Greenspan, revue et actualisée par mes soins.

Un autre principe incontournable est qu’une monnaie ne peut correspondre qu’à une nation, et inversement…

15 réflexions sur “Erreur CoColossale !”

      1. Dommage…
        N’existe t-il tout de même pas un livre que vous pourriez conseiller ou un cours bien fait sur ces notions fondamentales d’économie?
        J’entends pour les débutants comme moi qui se prennent au jeu mais qui ont du mal à suivre lorsque vous rentrez un peu plus dans les détails.

  1. > une monnaie ne peut correspondre qu’à une nation, et inversement…

    Bien sûr que non !
    Il faudrait, au contraire, PLUSIEURS monnaies en concurrence émises par des privés dans chaque pays, cela permettrait de faire ressortir l’emprise délétère de l’état.

    1. Il serait possible de disserter de longues heures sur ce sujet, mais ce qui est certain, c’est que l’Euro tel qu’il existe actuellement est bancal, dangereux voir mortifère … Si nos dirigeants avaient une vision à long terme, ils chercheraient à agir rapidement, que ce soit en le démantelant ou en modifiant profondément l’eurosystème. Au contraire, ils font du bricolage politique pour essayer de modifier l’Europe pour qu’elle s’adapte à l’Euro tel qu’il existe. L’Euro devrait être au service de l’Europe et de ses nations et c’est le contraire qui se produit. L’Europe est devenu l’esclave de l’Euro. C’est le monde à l’envers !!!

      1. Au passage, je suis sidéré de voir que les débats se cristallisent toujours sur les 2 positions extrêmes : soit sortir de l’euro (i.e. retour à la case départ), soit vivre avec (donc immobilisme complet). Tout cela n’est pas très constructif. L’Euro est quand même un concept unificateur et d’intégration du marché européen qui a du sens malgré ses défauts. N’y-a-t-il aucun économiste génial capable de nous inventer une monnaie commune qui marcherait et qui intégrerait les rétro-actions nécessaires pour compenser les déséquilibres entre les nations européennes ? Il est lassant de voir que les économistes actuelles ne font que rabâcher ce que disait Keynes ou Friedman, tous les 2 nés il y a plus d’un siècle et en fait ne semblent rien maîtriser de ce qui se passe.

          1. Deres, bien entendu qu’elle est toujours là
            Et elle sera toujours là. Elle était là avant nous, elle sera là après.
            Elle était là avant Adam Smith lui-même.

            C’est l’intelligence d’Adam smith qui lui a permis de comprendre et de trouver cette image, cette métaphore, pour expliquer une vérité immuable à tous les autres. (d’où les diverses récompenses aux divers économistes)

            cette vérité est la suivante :
            la main d’Adam smith est notre univers.
            Elle est le système.
            Elle est la somme de divers intérêts particuliers, car le système ne peut être que cela.
            à moins d’avoir un seul cerveau pour toute l’humanité qui ait un intérêt global (ce qui est purement impossible. Même le bolchévisme, tentative la plus sérieuse en terme de collectivisation du cerveau, est voué à l’échec car l’intéret collectif se heurte systèmatiquement aux désirs personnels de chaque individu.)

            La main d’Adam Smith est la somme réactualisée en permanence des divers équilibres dynamiques.
            Car le monde est obligatoirement en équilibre : un équilibre qui est obligatoirement dynamique. Sinon, nous serions dans l’immobilisme, ce qui n’est manifestement pas le cas.)

            main d’Adam smith = le système = les limites dans lesquelles tout le monde évolue.
            C’est aussi dans la main d’adam smith qu’évoluent les divers leviathans. (c’est à dire les états)

            Les léviathans sont d’ailleurs des constructions humaines provisoires.
            Car en effet, la création des léviathans est une action qui engendre un réaction de force équivalente et dans le sens opposé.
            c’est à dire : si ils s’opposent de toutes leurs forces aux lois naturelles de la main d’adam smith, ils finiront broyés. Ce qui arrive actuellement… les états vont sombrer sous le poids de leurs dettes

            c’était la petite minute holiste.
            Et un salut amical à Fredman : tout est simple… pour qui veut bien voir la lumière , s’engager sur le chemin de la connaissance et comprendre la réalité du monde qui l’entoure.

            Bonjour à tous les lecteurs, et à vous, M.Chevallier

  2. Les Cocobonds ? O_o

    Je crois que c’est un certain Kinder qui a inventé ça. Les fameux Kinder cocobonds
    http://media.telemarket.fr/imgnwprd/003/003993/00399310/00399310-t0.jpg

    Et donc les petits épargnants suisses finiront eux aussi chocolats car les cocobonds ne valent guère mieux que les emprunts russes, si je vous suis bien.
    C’est encore une bonne nouvelles pour les stratégistes de natixis, dans le sens keynésien du terme.
    (tous ruinés en même temps, de sorte à ce qu’on ne puisse rien leur reprocher)

    après l’euro, c’est le franc chf qui va bruler… le dollar ne valant déjà plus rien.
    Que me conseillez-vous de prendre ? des amero ?
    (c’est qu’ils les ont pas encore sortis des placards, ils attendent que tout le papier brûle)

    Sinon, pour redevenir un peu plus sérieux.
    L’euro-pq est la monnaie ayant une façade similaire pour une vingtaine de nations. Mais en réalité, cela peut être défait en 1 week-end de façon simple et radicale.
    Chaque pièce a une face du pays émetteur, chaque billet porte un numéro de série dont la première lettre signale le pays émetteur : X pour les allemands, Y pour la grèce, U pour la France
    Chaque billet et pièce pouvant être immédiatement identifié, il est donc supporté par l’or de la banque centrale du pays émetteur.
    Sauf ceux dont l’histrion a vendu l’or au plus bas (après avoir annoncé la vente, il a vendu quand même, ce blaireau) Ou si un certain histrion n’a pas gagé au FMI l’or de la banque de France quand tous les idiots de français ne pensaient qu’à Noel.

  3. Je suis tombé sur ce rapport. Il me semble que BIS est l’organisation qui gère les accords de Bâle?

    http://www.bis.org/publ/bcbs165/stbdmpalez.pdf

    Bref, c’est intéressant de noter la réserve qu’ils préconisent face à cet instrument, ces CoCos bonds.

    En tant que Suisse (et pas un riche Suisse, si je peux me permettre), je me demande bien ce que nos banques s’imaginent…

    Merci pour votre travail!

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