L’étude de l’évolution des agrégats monétaires des pays de la zone euro est pénible car il est difficile de trouver les données fiables téléchargeables sur une longue période…
L’agrégat monétaire M3-M2 de la Germanie présente une hénaurme anomalie : il ne se monte qu’à 1 % du PIB !
Document 1 :
Les grosses lignes en pointillés montrent ce qu’aurait dû être l’évolution des agrégats monétaires correspondant à leur couleur, et il en est de même sur le document 2 qui montre un excès de 1 200 milliards d’euros en M1 et un manque de 900 milliards en M3-M2.
M3-M2 devrait représenter logiquement au moins 20 % du PIB en considération de la bonne santé des entreprises allemandes, comme avant 1995.
Pourquoi cette anomalie ?
Plusieurs réponses sont possibles…
D’abord, il est possible qu’il y ait une mauvaise interprétation de la définition des agrégats monétaires par la Buba.
En effet, pour la Buba, M1 n’est constitué que des dépôts au jour le jour (overnight deposits), ce qui est contestable car une partie des trésoreries des entreprises serait ainsi comptabilisée en M1 alors que les billets en circulation ne le sont pas.
A titre de comparaison, la Fed comptabilise bien en M1 les dépôts bancaires à vue des Américains et les billets en circulation (qui représentent chacun à peu près la moitié de cet agrégat) en conformité avec la définition normale de M1.
Il est possible qu’un changement malencontreux de la définition de M1 par la Buba ait été effectué lors d’une révision au 1° janvier 1995.
Ensuite, la baisse très nette de M3-M2 en juin 2010, après le krach éclair du début du mois de mai, montre que les responsables de la gestion de la trésorerie des entreprises allemandes ont sorti 85 milliards d’euros…
Document 2 :
… dont une partie se retrouve dans les 43 milliards de francs suisses supplémentaires que la BNS a comptabilisés dans les comptes de virement des banques en Suisse fin juin, par rapport au mois précédent,
Document 3 :
Cette bascule montre bien que les responsables de la gestion de la trésorerie des entreprises allemandes ont bien compris que ce krach éclair de mai 2010 révélait que la situation de la zone euro était potentiellement très critique au point de faire sortir leur trésorerie hors de la zone pour les placer en Helvétie et aux Etats-Unis (et au Royaume Uni).
Cette analyse est confirmée par l’augmentation considérable de ces comptes de virement des banques en Suisse lors de l’exacerbation de l’euro-crise à partir de l’été 2011.
Les 374 milliards de francs de francs suisses qui se trouvent sur les comptes de virement des banques en Suisse ne sont pas sortis des valises d’euro-zonards de ces cochons de pays du Club Med fuyant la zone de tous les dangers.
Ils proviennent indubitablement de la trésorerie des entreprises euro-zonardes et plus particulièrement allemandes qui ont déjà profité d’une dévaluation de l’euro de 15 à 20 % par rapport au franc suisse et au dollar (US$).
Une fois de plus, il apparait bien que le fameux QE des Marioles de la BCE est une tromperie gigantesque car beaucoup d’entreprises européennes, et en particulier allemandes, disposent de trésoreries abondantes qu’elles ne veulent pas investir.
Ce QE n’a pour but réel que de prolonger des situations sans espoir qui de toute façon ne peuvent conduire qu’à une fin qui ne sera que plus dramatique dans la mesure où tout est fait pour en repousser l’échéance.
Zoom sur l’évolution du seul agrégat M3-M2 par rapport au PIB…
Document 4 :
… et en milliards d’euros,
Document 5 :
Compte tenu de ces données, la masse monétaire M3 augmente dangereusement par rapport au PIB depuis le début des années 2000,
Document 6 :
Elle atteint maintenant 2 500 milliards d’euros, sans comptabiliser les billets en circulation,
Document 7 :
Elle tend donc à se rapprocher du montant du PIB annuel,
Document 8 :
L’adoption de cette monnaie unique contre nature n’aura eu finalement que de très gros inconvénients, créant même une hypertrophie monétaire en Allemagne !
Par ailleurs, il faut se méfier des sources des données qui doivent servir de base à toute réflexion sur de tels sujets. Ainsi par exemple des banques de données comme celle de Trading Economics ne donnent pas une image fidèle de la réalité et elles conduisent à des analyses erronées.
Les données utilisées ici sont celles de la Bunbesbank, de Destatis et de la BNS.
« Ainsi par exemple des banques de données comme celle de Trading Economics ne donnent pas une image fidèle de la réalité et elles conduisent à des analyses erronées. »
Merci, je me disais bien que ça ne ressemblait pas, comment ils se débrouillent pour avoir des données si différentes..
Par contre pour les implications de l’anomalie..
Est-ce à dire que M3-M2 ne rend pas directement compte de la santé des entreprises? Que penser des autres pays européens y compris la France..
M3-M2 est un indicateur fiable sauf quand les entreprises placent massivement leur trésorerie hors de leur pays !
J’avais déjà remarqué qq erreurs dans les données de TE confirmées après avoir peiné à trouver les bons chiffres ! (…mais votre raisonnement était juste… mais sur des données erronées !)
« M3-M2 est un indicateur fiable sauf quand les entreprises placent massivement leur trésorerie hors de leur pays! »
N’ont-elles pas tendances à le faire toutes, et pas seulement celles de la zone Euro, sous des cieux plus cléments ?
Dès lors, cet indicateur est-il encore si fiable à l’heure actuelle ?
Auriez-vous quelques données M3-M2 pour les paradis fiscaux notoires ?
Rien qu’aux Etats-Unis selon plusieurs études les grandes entreprises américaines détiennent env. 2100 milliards de dollars hors des EU.
Bonjour,
Et l’indice PMI qui continue de baisser: « L’indice PMI Markit manufacturier se replie en effet de 48,8 en mars à 48 le mois dernier, là où le consensus tablait sur un indice à 48,4 ». (http://www.boursier.com/actualites/macroeconomie/france-eco-indice-pmi-markit-manufacturier-decevant-627246.html). La courbe du chômage n’est, hélas, pas prête de s’inverser.
J’ai le très net et affreux sentiment que nous avons franchi un point de non-retour depuis le début de cette année (qui se manifeste entre autres avec les taux négatifs pratiqués par endroit) par la faute de cette monnaie unique et inique qu’est l’euro et avec la complicité très active de nos représentants, Normal 1er en tête dépit de sa formation HEC. La catastrophe est désormais inévitable (si tant est qu’elle ait pu l’être surtou depuis trois ans). Les politiques s’attachent à elle (la monnaie) comme le pendu à sa corde mais ce faisant ils oublient, comme le pendu, qu’ils sont avant tout morts et que leurs gesticulations, qui n’intéressent plus personne, ne servent strictement à rien. 2015 s’annonce très chaud (et pas grâce au climat) et quand l’élastique cassera, ça fera très mal.
Merci encore pour vos billets qui aident à y voir plus clair.
Bonne soirée.
Cher Monsieur Chevallier,
Comme d’habitude, merci pour vos analyses.
Concernant ces transferts de trésoreries notamment vers la Suisse, il y a qqch qui me chagrine un peu.
Le M3-M2 de la Suisse n’est pas en pleine explosion (bien au contraire) alors qu’avec ces transferts massifs, ça devrait être le cas. Par contre, M1 explose littéralement… Comment interpréter? Les entreprises n’utilisent plus les dépôts à terme et laissent tout sur des comptes courants?
Répondez à votre question avant moi !
M3-M2 ne donne pas /plus une image fidèle de la trésorerie des entreprises si une part importante se cache à présent dans M1…
La trésorerie est un obsession des entreprises depuis le début de la crise. D’après ce que j’ai compris, financer ses besoins de trésorerie auprès des banques est devenu très difficile et en tout cas à des taux sans rapport avec les taux d’intérêts bas officiels. Donc les entreprises gardent en cash la trésorerie dont ils ont besoin, soit au moins 3 mois de salaire en France.
quelque chose me dépasse, l’euro cette monnaie à contre nature est entrain de tué toute l’Europe mais aucun pays ne veut sortir, alors qui son conscient que ce n’est qu’une question de temps avant le suicide collectif, ses pour cela que la dernière fois j’avais parler de secte Européenne et non d’une zone économique
Bonjour, @ Polo, info non verifiée, referendum en Autriche pour une sortie de l’UE fin Juin ?
Bien à vous.
Cher Monsieur Chevallier,
Avez-vous une explication quant à la brutale augmentation du taux germanien à 10 ans ?
Bien cordialement,