BCE : bilan bikini

Le dernier bilan de la BCE au 24 février publié aujourd’hui révèle qu’elle a de plus en plus de difficultés à se procurer des dollars (US$) : elle a dû réemprunter pour une semaine 3,6 milliards de dollars le 23 février à la Fed dans le cadre des accords de swap car elle ne pouvait pas rembourser les 3,7 milliards empruntés la semaine précédente !

Document 1 :

(cliquer sur le document pour l’agrandir)

C’est inquiétant, mais heureusement, personne n’en parle !

Encore plus inquiétant, les banques de la zone euro ont diminué leurs dépôts de 13,8 milliards d’euros en une semaine, rubrique 2 du passif, entouré en bleu…

Document 2 :

… et elles ont emprunté 23 milliards d’euros supplémentaires à la BCE, rubrique 5 de l’actif.

Pour boucler son bilan, la BCE a dû emprunter curieusement et mystérieusement… 43 milliards d’euros supplémentaires à des administrations publiques ! … rubrique 5 du passif entouré en rouge,

Document 3 :

Sachant que les administrations publiques de la zone euro sont généralement au plus mal, quelles sont ces administrations publiques qui ont pu lui prêter du jour au lendemain 43 milliards d’euros supplémentaires ?

Comme un bikini, le bilan de la BCE révèle des choses intéressantes mais pas tout.

La gestion de la BCE est de la survie à très court terme. C’est inquiétant pour tout le monde partout dans le monde, sauf pour les stratégistes de Natixis…

Enfin, le fameux prêt de 489 milliards d’euros de la BCE à 500 banques de la zone euro le 22 décembre n’ont pas fait augmenter la masse monétaire dans la zone euro (cf. mon dernier article à ce sujet, M3-M2 ayant baissé de 105 milliards sur les 4 derniers mois) car il s’agit d’argent déposé par d’autres banques : la BCE ne fait que faire circuler l’argent (qui sans elle serait bloqué).
Il n’y a pas de création monétaire, comme je l’ai écrit à maintes reprises.

Ces opérations tout à fait anormales révèlent l’extrême gravité de la crise qui couve dans la zone euro qui est au bord du gouffre. Le village Potemkine que constitue l’euro-système peut s’écrouler à tout moment.

Tout va bien car il est encore vivant au moment où cet article est mis en ligne.

Cliquer ici pour voir le bilan de la BCE sur son site, cliquer ici pour lire mon article consacré à un sujet du même type le 31 janvier et cliquer ici pour un autre article sur des mouvements inverses au 7 février.

10 réflexions sur “BCE : bilan bikini”

  1. Bonjour,

    Ce billet et son prédécesseur sont extrêmement intéressants et sont à classer parmi les meilleurs de votre production. Quand la chute finale se produira, quelle forme pourrait-elle prendre? Qui sera le maillon qui cédera?
    Compte tenu du poids politique de notre pays dans la construction européenne et au sein de la zone euro, j’ai le net sentiment que tout est fait, tant au niveau européen qu’au niveau national, pour que la situation actuelle tienne jusqu’aux prochaines élections. Un exemple, ces mystérieux 43 milliards d’euros dont vous faites état. Celles-ci ne changeront d’ailleurs pas grand chose à la situation mais je ne serai pas surpris de voir un président et un parlement de bord opposé sortir de ce chapeau électoral assez moisi au demeurant, peut être pour que le pouvoir ait les coudés franches pour imposer les douloureuses réformes requises. Après tout, le gauche a fait beaucoup et souvent plus pour l’économie de marché que la droite.
    Beaucoup de personnes autour de moi pressentent l’imminence de la catastrophe sans pouvoir nécessairement en discerner les causes. Le discours médiatico-politique est lui, de plus en plus insignifiant et lamentable. L’année 2012 va être difficile.

  2. Il me semble que l’engagement supplémentaire envers les administrations publiques est de seulement 42 milliards, mais qui sont elles ? qui peuvent être des administrations avec des excédents de trésorerie ?
    Celà voudrait dire qu’elles aussi ne veulent plus déposer leurs fonds dans le système banquaire habituel.

  3. Vous dites « la BCE ne fait que faire circuler l’argent », en réalité elle essaye de faire circuler l’argent, et je doute qu’elle y parvienne. L’avenir (de plus en plus proche) nous le dira.

  4. M. Chevallier, je ne comprends pas… La BCE emprunte des dollars à tour de bras à la FED, pour alimenter les banques européennes qui n’en ont plus. Logiquement la loi de l’offre et la demande devrait voir le dollar US s’envoler par rapport à l’euro?
    Il n’en est rien. Comment expliquez-vous ce phénomène?

  5. Merci pour vos articles.
    Y’a pas à dire, une analyse indépendante vaut plus que toutes les presses financières qu’on peut trouver dans nos kiosques.

  6. Dimanche 26 février, tous les « sinistres » des finances de l’€-zone étaient en colloque au ……Mexique !. Info petites lignes. Bécassine, à cette occasion, s’est exprimée et les bribes de ses propos, divulguées par quelques journalistes sous la manteau, sont fortes intéressantes !.
    Je dis « sous le manteau », parce qui en parle à l’instant T ?
    .
    Grand grand Merci Mr Chevallier. Je pense que vous mettez suffisamment d’éléments sur la table pour que chacun puisse comprendre et apprendre.
    Etudes, compréhensions, analyses, permettent de sortir de l’obscurantisme.

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