BNP : 1° semestre 2011

Quand on analyse les comptes d’une banque, une règle d’or s’impose : il ne faut jamais faire confiance aux déclarations des dirigeants et toujours vérifier soigneusement les chiffres critiques…

BNP vient de publier ses comptes du 1° semestre 2011 : la situation s’améliore avec un endettement µ qui diminue un peu (avec les chiffres officiels !) par rapport aux années précédentes,
Tableau 1 :

BNP2008200920102011 Q2
Total des dettes2 022,301 988,201 923,501 850,00
Capitaux propres53,269,574,676,1
µ (leverage)3828,625,824,3
Tier (%)2,63,53,94,1

Sommes en milliards d’euros

Ce tableau 1 se lit de la façon suivante : fin juin 2011, le total des dettes se montait à 1 850 milliards d’euros, soit 24,3 fois le montant des capitaux propres qui s’élevaient à 76,1 milliards d’euros et qui représentaient 4,1 % du total des dettes.

Les ratios de BNP étaient donc totalement hors normes car µ doit être inférieur à 10 ou autre formulation : le ratio Tier doit être supérieur à 10 % selon Bâle III.

Oui, mais la réalité est pire encore, car, comme je l’ai écrit dans des articles antérieurs, BNP comptabilise 8 milliards d’euros de titres super subordonnés à durée indéterminée dans les capitaux propres alors que ce sont en réalité des dettes,
Ces informations se trouvent page 8 dans les Etats financiers consolidés non audités, ce qui confirme mes analyses antérieures.

Sur cette base, l’endettement réel est bien supérieur à ce qui est publié officiellement :
Tableau 2 :

BNP200920102011 Q2
Total dees dettes1 997,41 931,71 857,9
Capitaux propres60,366,468,2
µ (leverage)33,129,127,2
Tier (%)3,03,43,7

Ces chiffres reprennent les règles du calcul dites de Bâle III telles qu’elles ont été définies par ce bon vieux Greenspan, les gens de la Fed puis la BRI.

La situation de BNP était catastrophique fin 2008, au plus fort des turbulences financières.
Le redressement par la suite est spectaculaire, grâce en particulier à l’absorption de Fortis. Nos amis belges de Work For All doivent être contents : l’argent qu’ils ont perdu ne l’a pas été pour tout le monde !

Les dirigeants de BNP sont conscients de la gravité des problèmes : ils diminuent leur endettement tout en augmentant les capitaux propres mais l’endettement réel est encore largement hors normes.

Les 3 big banks des Etats-Unis font peur aux 300 millions d’Américains car elles sont too big to fail avec des dettes de l’ordre de 1 000 milliards de dollars, car ils savent qu’ils sont les prêteurs en dernier ressort, mais elles respectent les règles prudentielles d’endettement (Bâle III).

Les 64 millions de Français font confiance à leurs Gos banques qui ne les respectent pas.
BNP est la plus grande banque du monde par le montant de ses dettes qui est proche du PIB annuel de la France ! Les Français sont inconscients.

A ma connaissance, je suis encore le seul à traiter de ce problème en France et en français…

Cliquer ici pour lire les « Etats financiers consolidés non audités du 1° semestre 2011 » de BNP.

Complément : il faudrait augmenter les capitaux propres de 108 milliards d’euros pour que BNP puisse respecter Bâle III, comme les big banks américaines !

11 réflexions sur “BNP : 1° semestre 2011”

  1. Ben oui mon bon monsieur , mais moi je ne peux rien y faire , j’ai déjà subit le credit lyonnais , depuis je ne mets plus aucun argent à la banque , tout sous mon oreiller , avec un pistolet dessus.

  2. Bonjour,
    Merci de votre analyse des ratios concernant les grandes banques françaises. Auriez vous connaissance d’un site qui ferait un suivi comparatif de l’ensemble des banques française incluant les plus petites banques ainsi que les banques en ligne, car quand on regarde un peu les comptes de ces petites banques on voit que la situation n’est pas désespérée partout. Une banque en ligne comme boursorama par exemple ressort avec des ratios qui me semble excellant selon vos critères si je me suis pas trompé son ratio tier est de l’ordre de 20%(650M de CP pour 2950M de dettes)!!!
    Au plaisir de vous lire

      1. Je ne comprend pas trop en quoi le fait qu’une société soit une filiale d’une autre modifie les ratios de la première société???

  3. Monsieur,
    J’ai pris connaissance de votre analyse
    Dans les entreprises cotées en bourse, il y a toujours eu dans les capitaux propres des titres « hybriques », qui ne sont pas des capitaux propres au sens strict.
    Le plus grave pour moi, c’est le risque de recession qui risque d’entrainer des faillites en chaîne.
    Ensuite les banques francaises ont cru en l’euro et en l’europe, en avaient-elles les moyens ?
    Si l’on regarde le credit Agricole, toutes les caisses locales sont beneficiaires, et la Caisse nationale côtee en bourse perd de l’argent à l’etranger et vaut combien ?
    Pour moi le danger c’est l’euro, trop cher pour certains pays
    C’est ma modeste analyse, je fais confiance au systeme financier francais, mais pas à l’euro
    Avec toute ma consideration

  4. Je ne comprend pas cela:

    Le jour où la Générale sombrera, les clients de Boursorama comprendront pourquoi ils auront perdu leur argent placé dans cette filiale…

    BOURSORAMA est quand meme une société indépendante et cotée … vous pourriez nous expliquer mieux ? (je suis client Boursorama)

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