L’Initiative Monnaie pleine, argent sain et monétarisme

Cette histoire de fous qu’est l’Initiative Monnaie pleine pose des problèmes particulièrement complexes et donc difficiles à résoudre en particulier parce que les initiants (et leurs adversaires) utilisent des concepts difficilement compréhensibles, mal définis et même sans définition précise dans certains cas.
De plus, ils font des erreurs monumentales de raisonnement sur ces problèmes monétaires.

En fait, les initiants ont bien perçu que quelque chose ne va pas quelque part dans le système financier au sens large, mais par manque de connaissances en matière de monétarisme ils n’ont pas compris quelles sont les causes du développement des bulles monétaires (et leurs remèdes) qui ont toujours des conséquences graves pour la population dans son ensemble.

Tels sont les deux points à clarifier présentement…

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D’après le texte de cette Initiative Monnaie pleine, les initiants voudraient interdire l’émission de la monnaie scripturale par les banques, seule la Confédération ayant alors le droit d’émettre de la monnaie scripturale,

Document 1 :

Il est difficile de comprendre clairement ce que signifie ce texte.
En effet, par définition, la monnaie scripturale est l’argent qui est écrit sur les comptes des banques.
C’est de l’argent gagné par les uns qui est transmis à d’autres en respectant les principes de la comptabilité en partie double.
Ainsi par exemple, les clients des boulangers paient leur pain en leur donnant des pièces et des billets que ces boulangers vont ensuite déposer auprès de leur banque qui crédite leur compte, ce que tout le monde fait habituellement et ce que tout le monde comprend, évidemment.
Par la suite, les boulangers paient leurs fournisseurs et leur personnel par virements bancaires, etc.

Dans ces processus, l’argent circule, sans qu’il y ait d’émission (ou d’une façon plus claire, de création) monétaire indue, ex nihilo.
La Confédération n’émet donc pas de monnaie scripturale, ni les banques !
Il en est ainsi depuis plus de… 5 000 ans, maintenant sur des supports informatiques.

Manifestement, les initiants confondent création de richesse et création (ou émission pour reprendre l’expression qu’ils utilisent) monétaire indue, ex nihilo qui provoque à terme des crises qui ont des conséquences dramatiques.
Concrètement, en reprenant l’exemple précédent, les boulangers créent des produits en vendant le pain qu’ils font.
Ils créent de la richesse mais pas de monnaie : l’argent ne fait que circuler entre ces boulangers et leurs clients qui eux-aussi ont créé des produits par leur travail, etc.

La création monétaire indue, ex nihilo, qui doit impérativement être éradiquée n’a pas pour origine la monnaie scripturale, ni d’ailleurs les crédits octroyés par les banques.
En effet, lorsque les banques accordent des prêts à leurs clients, elles font là aussi circuler de l’argent gagné et non dépensé (donc épargné) par les uns transmis à ces emprunteurs qui rembourseront leurs prêts.

Les initiants font encore une erreur grossière en voulant que l’argent prêté par les banques ne provienne que de la seule BNS qui devrait être la seule pouvoir émettre de la monnaie !
Il s’agit là encore d’erreurs monumentales de la part des initiants car aucune grande banque centrale dans le monde n’émet (ou ne crée) de la monnaie indue, ex nihilo, sauf de rares exceptions comme la banque centrale allemande (de la République de Weimar) dans les années 20.

La BNS aurait ainsi le pouvoir d’accorder ou non des prêts aux banques sous sa supervision et d’en fixer les modalités.
C’est du moins ce qui ressort de ce que l’on peut comprendre de l’article 99 a relatif à la BNS,

Document 2 :

Dans ce cas, la Suisse se retrouverait dans une situation du genre de celle qui a prévalu en France pendant les années d’après-guerre (jusque dans les années 80) au cours desquelles un encadrement du crédit strict était imposé par la Banque de France.
Dans ce cadre, la Banque de France contrôlait en fait les crédits accordés par les banques : elle en limitait l’augmentation, et même elle exigeait que les banques accordent des prêts pour financer certains projets, dits d’intérêt national, au détriment d’autres.
Cet encadrement du crédit était alors l’instrument d’une planification indicative de type socialiste d’une économie dirigée.

Thomas Jordan, le Président de la BNS a d’ailleurs déclaré lors d’une rencontre organisée par Swiss Finance Institute (SFI) à Zurich le 16 mai que la BNS n’est évidemment pas la mieux placée pour évaluer la rentabilité des investissements financés par des prêts bancaires en Suisse !

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En fait, les initiants n’ont pas compris que la principale cause du développement des bulles monétaires provient du fait que des banques, ou plutôt des banksters, ne respectent plus la règle prudentielle d’endettement préconisée par Alan Greenspan, le leverage qui peut s’énoncer ainsi : le total des dettes d’une banque ne doit pas dépasser 10 fois le montant de ses véritables capitaux propres (ou son inverse, le ratio Core Tier 1 qui doit être supérieur à 10 %).

Ainsi par exemple, l’évolution du leverage de Citigroup montre clairement que cette banque (comme beaucoup d’autres) a octroyé trop de prêts par rapport au montant de ses capitaux propres, ce qui a contribué à créer la bulle monétaire qui s’est développée après 2006 aux Etats-Unis,

Document 3 :

Trop d’argent circulait alors dans le circuit monétaire aux Etats-Unis. Les autorités ont réussi à faire éclater cette bulle mais en créant la Grande Dépression.

Il en est de même actuellement en Suisse : les grandes banques ne respectent plus cette règle prudentielle d’endettement d’Alan Greenspan si bien que des prêts n’auraient pas dû être accordés par des banques, pour des centaines de milliards de francs, ce qui se voit dans le fait que la masse monétaire M3 de la Suisse se monte à 151 % du PIB courant annuel alors que la limite à ne pas dépasser est de 80 % de ce PIB,

Document 4 :

Plutôt que de proposer cette Initiative Monnaie pleine, les initiants auraient dû proposer de transcrire en règle impérative, en l’occurrence en loi, cette règle prudentielle d’endettement d’Alan Greenspan ainsi énoncée : le total des dettes d’une banque ne doit pas dépasser 10 fois le montant de ses véritables capitaux propres avec pour sanction en cas de son non-respect, des peines pénales (c’est-à-dire de prison) pour les dirigeants fautifs.

La bulle monétaire qui s’est développée en Suisse a été accentuée par celle qui s’est créée dans la zone euro pour les mêmes raisons,

Document 5 :

En effet, beaucoup de dirigeants d’entreprises de la zone euro déposent une grande partie de leur trésorerie en Suisse afin de les conserver en francs après un €-crash à venir, ce qui leur permettra d’éviter de récupérer de la monnaies de singe qui circulera alors dans la future ancienne zone euro,

Document 6 :

Heureusement, d’après un sondage Tamedia des 14 et 15 mai, 59 % des électeurs suisses rejetteraient cette Initiative mais 39 % l’approuveraient.

Le rôle de toute banque centrale est de surveiller l’évolution des agrégats monétaires de façon à ce qu’il n’y ait pas de bulle (ou d’hypertrophie) c’est-à-dire d’argent non gagné dans le système bancaire, donc pas de création monétaire (indue, ex nihilo), ce qui constitue le premier pilier des Reaganomics, dixit Arthur, Laffer : Sound money is the sine qua non of a prosperous society, in The Four Pillars of Reaganomics.

Tout est simple disait Milton Friedman.

Cliquer ici pour lire l’article d’Arthur, Laffer sur The four pillars Reaganomics

12 réflexions sur “L’Initiative Monnaie pleine, argent sain et monétarisme”

  1. Peut-être que ce que veulent les « initiants » c’est éliminer la règle de Greenspan, que les banques n’aient plus le droit de prêter l’argent du boulanger au boucher en prenant le risque de ne pas pourvoir rembourser le boulanger, car ce n’est pas leur (les banques) problème. Vous dites qu’il faudrait une loi pour les inciter, mais cela sous-entend qu’elles soient responsables, qu’elles ne puissent pas dire, « je ne pouvais pas le prévoir », ce que pourront dire les banques américaines l’année prochaine, « je ne pouvais pas prévoir que la BCE faisait n’importe quoi ».
    Cela sous-entendrait que ce qu’ils veulent ce serait que l’argent prêté soit par les banques soit une création monétaire indue et que la BNS puisse en limiter le volume, par exemple à 80% du dépôt des banques et pas 90%, que ce soit elle qui gère la règle de Greenspan. Je ne sais pas si cela peut marcher ou si c’est absurde.

  2. la monnaie ca n’existe pas, c’est comme les taux négatifs ca n’existe pas. Ce qui existe c’est la confiance et seulement cela.
    un etat emet 100 milliard qu’il prête aux entreprises qui produisent. Comme elle ne connaît pas a l’avance ce que lui coutera son produit elle prend une marge de precaution sur le prix de vente . mais au final elle fait un benefice. Mais à la fin de l’année l’Etat vide tous les comptes des entreprises et des particuliers, elle detruit donc sa monnaie. ps de creation de monnaie donc. Toute creation de monnaie implique forcement de l’épargne. Et tout le monde est heureux d’avoir consommé. Ce qui change c’est que personne n’est riche par dérogation mais on est riche par son esprit.
    Une mondialisation peut etre accepté par ce principe mais la mondialisation par le capitalisme c’est la guerre garantie.D’ailleurs on n’existe que par ce qu’il y a une guerre a ganger ou à perdre.En conséquence le capitalisme est voué à une mort certaine. Du coup est il interressant de s’intéresser au monetarisme? et bien non puisqu’il n’y a aucun interet à s’interreser à la peste sauf à la detruire.
    le monetarisme , c’est faire obtenir un benefice a un groupe pour qu’il est un pouvoir sur un autre groupe. l’idée est donc vicieuse et cette idée devra mourir.
    la seule idée est la confiance mais pas la confiance dans l’enrichissement ou la sauvegarde de ses avoirs, non la confiance ce n’est pas cela, c’est la confiance dans l’amour des autres peuples pour le bien de tous.

    1. @abb, c’est pas un peu communiste votre prose ?
      Le capitalisme est un mot inventé par K.Marx pour mieux voler les riches. La richesse d’esprit ne sert aujourd’hui qu’à faire vivre des cloportes technocratiques.
      Ce monde doit en effet changer, mais l’humain en est’il capable ?
      Si nous avons les solutions et le fruit des expériences du passé cela n’empêche pas de refaire inlassablement les mêmes erreurs.
      Le change toi toi même pour changer les autres ne marche plus. Pire, la théorie libérale n’esr plus applicable sur des veaux que sont les gens.
      Perso, j’ai tourné la page. J’attends une fin sans appétit ni joie comme un spectateur désabusé devant un navet d’Hollywood.

      1. En effet on assiste impuissants à un épouvantable navet orchestré par des technocrates qui ne représentent plus qu’eux mêmes. La fin est bien longue à venir.

  3. L’Italie et maintenant l’Espagne sont dans la tourmente des marchés financiers. Mais le chaos final, c’est quand les Banques tomberont une à une avec pertes et fracas, pas avant. L’erreur de 2008 de sauver les fraudeurs qui ne respectent pas les règles, ne doit plus se reproduire.

    Les États se sont mis dans de sales draps, et ce n’est pas la faute aux fake-news, aux JP-Chevalier, et autres lanceurs d’alertes. Hélas, la raison n’est toujours pas là, et le désordre continue son foutoir.

    Lorsqu’un parlement se préoccupe de chocolatines ou du 80 Km/h sur nos routes pendant que les Cashuzacs se font blanchir, et les kerviels se font condamner, cela sous entant une défiance à mort.

    Ce n’est pas beau une fin, mais elle a commencé depuis un moment déjà… elle suit simplement son cour avec une logique implacable…expliqué en long et en large ici et ailleurs.

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