Suisse : grandeur et décadence

Les petits Suisses étaient les meilleurs élèves de la classe économique mondiale car ils sont très performants : les entreprises sont innovantes et bien gérées, et les dépenses publiques sont réduites à l’optimum.
Malheureusement, ils viennent d’être flingués par les dirigeants de la BNS, et plus particulièrement par son président Thomas Jordan, qui ont fait des erreurs monumentales, en particulier en voulant arrimer le franc à l’euro, avec un cours plancher qui est un avatar de serpent ou de tunnel de feu le système monétaire européen après l’éclatement du système de Bretton Woods.

Un petit rappel des fondamentaux : tout système de changes doit être libre, sinon un tel système fermé est amené à exploser à terme, comme cela a été le cas avec le système de Bretton Woods.

Thomas Jordan a avoué qu’il savait que ce cours-plancher n’était pas durablement tenable. Alors, pourquoi l’a-t-il instauré ?
Le coût de cette erreur historique est exorbitant (plus de 100 milliards de francs ?).

Les banques centrales ne doivent pas avoir pour fonction de gérer les parités monétaires, mais de surveiller leur système bancaire et de mener une politique monétaire assurant la croissance à son potentiel optimal avec une inflation contenue, avec pour instruments principaux les achats et ventes de bons du Trésor (la politique d’open market) et le maniement des taux de base.

Avec pour 500 milliards de francs en devises, principalement en euro (pour un PIB de 650 milliards !), les dirigeants de la BNS ont pris des risques considérables qui se sont révélés perdants.

Malgré ces erreurs kolossales, le franc suisse attire encore des capitaux car les 300 millions de barbares ignares qui les cernent font des erreurs encore plus importantes, surtout au même point, à savoir au niveau des dirigeants de la banque centrale : les Marioles de la BCE.

Alors, les capitaux euro-zonards se réfugient sur la place helvète, ce qui fait baisser les rendements des bons à 10 ans à des plus bas record inimaginables : – 0,151 % hier 21 janvier (- 0,174 % ce matin 22 janvier !),

Document 1 :

La pentification de la courbe des taux est dramatiquement basse en étant fortement négative jusqu’au 15 ans,

Document 2 :

A titre de comparaison, celle des Etats-Unis est positive sur toutes les échéances et très forte sur les échéances longues,

Document 3 :

Les crises dans la vieille Europe continentale font baisser les rendements des mauvais bons des Trésors à des niveaux bas totalement anormaux, ce qui correspond à une bulle obligataire gigantesque, alors que les rendements des Notes à 10 ans restent dans la bande des 3 %, sauf lorsque ces crises européennes s’intensifient,

Document 4 :

Enfin, il semble que les gens de la BNS cherchent encore actuellement à arrimer le franc à la parité de 1 par rapport à l’euro (sans y parvenir nettement) car une réévaluation supérieure à 15 % devrait engendrer des capitaux propres négatifs.

Là encore, Thomas Jordan avait manifesté dramatiquement son incompétence en soutenant que des banques centrales pouvaient avoir des capitaux propres négatifs, contrairement à ce qui est imposé aux banques ordinaires.
C’est encore là une erreur monumentale de sa part car, comme je l’ai déjà exposé, le système mondial des banques centrales est organisé comme les systèmes bancaires nationaux : toutes les banques centrales doivent avoir une position créditrice vis-à-vis de la banque centrale des banques centrales, à savoir la BRI.

C’est une condition sine qua non pour que la confiance puisse subsister dans un système bancaire.
Si cette condition n’est pas remplie, tout le système bancaire peut s’écrouler.

En cas de capitaux propres négatifs, la BNS devrait être recapitalisée d’urgence par ses actionnaires, à savoir les cantons, ou en fait par l’Etat (la Confédération) qui est le seul à pouvoir réagir rapidement.
Ce serait alors une très grosse claque pour le système bancaire helvète, et pour les petits Suisses.

Il est difficile pour toute personne sensée de comprendre que de telles erreurs aient pu être commises dans ce pays qui était tellement vertueux…
Le Tigre celtique a été flingué par 2 ou 3 banksters sans réaction de la part de la banque centrale. La Suisse est victime de 2 ou 3 banquiers centraux incompétents.

8 réflexions sur “Suisse : grandeur et décadence”

  1. « Le coût de cette erreur historique est exorbitant (plus de 100 milliards de francs ?). »

    A priori, les 100 milliards de CHF serait la somme que la BNS a dû débourser pour acheter des EUR juste pour la première quinzaine de janvier. La somme totale que cette erreur (le cours plancher) a couté à la BNS et donc au con-tribuable suisse est évaluée à beaucoup plus.

    L’arrêt du cours plancher est aussi, à mon humble avis, l’aveu de la part de la BNS que l’EUR est, à terme, mort, puisque cela indique qu’il n’y a plus d’espoir que l’EUR remonte…

  2. bonjour.les p’tits suisses sont touchés mais pas coulés:

    La Banque nationale suisse et son homologue chinoise ont signé mercredi à Davos un accord monétaire historique qui positionne la Suisse comme plate-forme pour les opérations financières avec la Chine.

    Le marché offshore du yuan – ou du renminbi – se trouvera désormais en Suisse. La Suisse et la Chine se sont en effet entendues mercredi à Davos pour créer une plate-forme d’échange de la monnaie chinoise en Suisse.

    La Banque populaire de Chine a aussi décidé d’étendre le programme-pilote d’investisseur institutionnel étranger qualifié en renminbis à la Suisse, octroyant à cette dernière un quota de 50 milliards de renminbis, a indiqué la Banque nationale suisse (BNS).
    Coopération renforcée

    Ces deux actes traduisent de nouvelles avancées dans la coopération financière entre la Chine et la Suisse, relève encore la BNS. Ils favoriseront l’utilisation du renminbi par les entreprises et les institutions financières dans leurs transactions.

    L’Association suisse des banquiers (ASB) a salué la signature du mémorandum d’entente. Cette percée assure la concrétisation de son objectif de voir la Suisse se positionner comme plate-forme pour les opérations avec la Chine.

  3. Autre hypothèse, ce n’est pas un problème d’incompétence, mais de corruption aux intérêts atlantistes, visant à amener à terme la Suisse à l’UE, via l’arrimage, puis l’intégration du Franc à l’Euro ??

  4. C’est bien mon impression aussi, Piji.
    C’est d’ailleurs un reproche à faire à Jean-Pierre Chevallier : lorsque quelqu’un dit une bêtise, ce n’est pas nécessairement parce qu’il est bête, mais souvent parce qu’il ment à des ignorants : Thomas Jordan est un enfoiré, pas une andouille ; il a un agenda qui n’est pas au service du peuple suisse.
    Voilà ce qu’en dit Liliane Held-Khawam, une conseillère en stratégie d’entreprise qui s’intéresse aux motivations en amont des décisions :
    https://lilianeheldkhawam.wordpress.com/2015/01/18/comment-la-bns-a-piege-la-suisse-pour-adherer-a-la-zone-euro/

    1. Vous pouvez citer 1 banquier central « au service du peuple » dans le monde ? LOL
      Idem des entreprises. Idem des élus politiques (1 sur 100 ?).
      Faut atterrir : la révolution citoyenne ayant coupé 300 000 têtes en France… c’était il y a 2 siècles 😉
      Désormais, ce qui compte … c’est les comptes !

      Amicalement.

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