France, Grèce : mêmes problèmes…

La balance commerciale de la France était excédentaire avant l’adoption de l’euro mais ensuite, la dégradation a été continue, surtout après juin 2004,
Graphique 1 :

Cliquer sur les graphiques pour les agrandir.

La tendance lourde et longue est bien baissière : le déficit s’accentue chaque mois, ce qui signifie que les produits made in France sont de moins en moins compétitifs sur les marchés internationaux.
Dans ces conditions, il est absolument impossible de redresser la situation pour revenir à une balance commerciale excédentaire.

La seule et unique solution de ce problème est de dévaluer la monnaie qui circule en France par rapport à celles qui circulent dans les pays les plus compétitifs, la référence étant l’Allemagne.
Dans des circonstances comparables, Georges Pompidou a fait dévaluer le franc de 11 % en aout 1969 pour prolonger la croissance des 30 Glorieuses.

Actuellement, le pourcentage souhaitable de dévaluation qu’il faudrait appliquer pour faire repartir la croissance (et l’emploi) en France est de l’ordre de 15 %.
En effet, les bons des Trésors à 10 ans jouent le rôle d’ersatz de monnaies nationales dans l’euro système. Les écarts en pourcentage de leurs rendements par rapport au Bund donnent une indication fiable sur le niveau de dévaluation optimal qu’il faudrait appliquer, ce qui suppose évidemment de sortir de l’euro système.
Tant que la France y reste, aucun redressement n’est possible.

Les investisseurs ont bien compris ce problème : depuis l’adoption de l’euro, les capitaux sortent de France pour s’investir préférentiellement à l’étranger. Ainsi, le déficit cumulé des investissements directs étrangers est supérieur à… 600 milliards d’euros depuis 1997 !
Graphique 2 :

Dans ces conditions, il est absolument impossible de redresser la situation pour faire revenir ces 600 milliards d’euros en France.

Il en est de même en Grèce, en pire : le problème majeur n’est pas le déficit ni le niveau d’endettement de l’Etat, mais le déficit cumulé de la balance commerciale qui n’est pas compensé par des entrées de capitaux attirés par la compétitivité du pays.
La Grèce est maintenant dans une situation irrattrapable. C’est un petit pays, mais c’est le premier domino dont la chute peut entrainer celle de beaucoup d’autres en Europe et dans le monde entier.

Sortir de l’euro système, réintroduire le franc français et le laisser flotter par rapport au deutschemark restauré (ou plutôt à l’euro maintenu comprenant l’Allemagne sans les pays du Club Med) permettrait à la France de bénéficier d’une dévaluation compétitive de 15 %, ce qui ferait repartir la croissance (et l’emploi) car le niveau de productivité horaire y est l’un des plus élevés du monde.

Tant que ces décisions ne seront pas prises, la situation se dégradera en empirant.
C’est l’économie, avec ses principes irréfragables.

Les chiffres (et les graphiques qui en sont tirés) sont ceux de la balance des paiements publiés par la Banque de France.

Atlantico a publié le 13 mai cet article dans le dossier consacré à la Grèce, cliquer ici pour le lire, ce qui montre qu’il y a quand même quelques journalistes sur le web français…

8 réflexions sur “France, Grèce : mêmes problèmes…”

  1. 2004… année ou l’immobilier à commencé à devenir très cher en France… cela doit bien contribuer à la baisse de la compétitivité depuis cette date.

  2. Mardi 17 mai 2011 :

    Pour la première fois depuis le début de la crise, des responsables européens ont reconnu mardi que la Grèce pourrait finalement devoir restructurer sa dette, une décision susceptible de raviver les tensions autour de la zone euro.

    Comme la veille à l’issue de la réunion des ministres des Finances de la zone euro, le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a concédé qu’il pourrait être nécessaire d’avancer vers ce qu’il a qualifié de « restructuration douce » de la dette publique grecque.

    Ceci pourrait se faire en contrepartie d’une mise en oeuvre complète des réformes structurelles auxquelles Athènes s’est engagé lors de l’octroi d’un plan d’aide de 110 milliards d’euros en mai 2010 et d’une nouvelle série de mesures dès les prochains jours, a précisé Jean-Claude Juncker.

    Les autorités grecques devront par ailleurs préciser très rapidement la nature et le calendrier de leur programme de privatisations de 50 milliards d’euros annoncé en début d’année.

    « Si la Grèce fait tous ces efforts, alors nous devons voir s’il est possible de réaliser une restructuration douce pour la Grèce. Je suis totalement opposé à une restructuration majeure », a déclaré le Premier ministre luxembourgeois en marge de la réunion des ministres des Finances de l’UE.

    http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/economie/20110517.REU0007/l-ue-ouvre-la-porte-a-une-restructuration-de-la-dette-grecque.html

  3. Mercredi 18 mai 2011 :

    Les taux longs grecs sont repartis à la hausse mercredi, entraînant dans leur sillage les rendements portugais, alors que les Européens se déchirent sur la restructuration ou non de la dette grecque.

    A 18H30, les taux grecs à 10 ans se tendaient à 15,628%, contre 15,455% mardi soir et ceux du Portugal à 8,982% contre 8,804% la veille.

    Même si le Portugal a réussi à lever un milliard d’euros de dette à court terme et a rencontré une forte demande, les investisseurs ont gardé mercredi les yeux tournés vers la Grèce.

    La question du rééchelonnement de la dette grecque suscite toujours des réactions passionnées en Europe. Mercredi, la Banque centrale européenne (BCE) a vivement réitéré son opposition à cette option.

    Une restructuration de la dette grecque serait une « recette pour une catastrophe », a estimé Jurgen Stark, membre du directoire de la BCE, lors d’une conférence organisée près d’Athènes.

    Peu après, son confrère, l’Italien Lorenzo Bini Smaghi, a affiché son opposition à une « restructuration douce » de la dette grecque.

    Le banquier central a insisté sur « l’impact négatif » d’une telle option sur les banques grecques et appelé le gouvernement grec à renforcer sa lutte contre l’évasion fiscale afin de réduire le déficit public.

    « Il y a une grosse opposition entre la BCE et l’Union européenne avec Jean-Claude Juncker (le chef de file des ministres des Finances de la zone euro) qui ne semble pas opposé à un allongement de la maturité de la dette grecque. Tandis que certains ouvrent la porte, d’autres la ferment », a estimé Jean-François Robin, stratégiste obligataire chez Natixis.

    http://www.romandie.com/news/n/BONDS_EUROPELes_taux_grecs_patissent_des_dissensions_europeennes180520111905.asp

  4. Vendredi 20 mai 2011 :

    Le Premier ministre grec George Papandréou a affirmé vendredi que son pays rembourserait l’intégralité de sa dette.

    « Nous rembourserons les emprunts », a affirmé M. Papandréou, dont le pays s’est vu accorder l’an dernier un plan d’aide de l’UE et du FMI d’un montant de 110 milliards d’euros pour lui éviter un défaut de paiement.

    La Grèce a vu ses coûts d’emprunts sur les marchés atteindre un niveau record vendredi, les taux de ses obligations à dix ans dépassant 16,5%.

    De nombreux observateurs estiment que la Grèce ne pourra éviter une restructuration de son importante dette publique, ce qui signifie payer les créanciers plus tard ou moins que prévu. Mais la Banque centrale européenne s’oppose à ce scénario.

    http://www.boursorama.com/international/detail_actu_intern.phtml?num=b50a8ac3670a73e402ab5001d798871e

    1. Paris (awp/afp) – Les taux longs grecs sont passés au-dessus de 16,5% vendredi, atteignant un nouveau niveau record alors que l’agence Fitch vient d’abaisser de trois crans la note du pays et que les Européens n’en finissent plus de débattre sur la restructuration de la dette hellénique.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.