Big bang des big banks

Le dernier bilan de la Fed montre qu’elle a racheté pour 1 647 milliards de dollars de titres du Trésor , dans le cadre de sa politique monétaire dite QE (ligne 1 du document 1) qui sont financés par 1 701 milliards de dépôts de banques (ligne 1 du document 2),

Document 1 (actif) :

Document 2 (passif) :

Un article de David Enrich et Carrick Mollenkamp du Wall Street Journal nous apprend que ces 1 701 milliards de dépôts sont réalisés pour l’essentiel par des banques étrangères, c’est-à-dire qui ne sont pas sous la responsabilité des autorités des Etats-Unis, pour un montant de 900 milliards au 13 juillet dernier.

Le gros problème qui préoccupe les gens de la Fed est que ces banques étrangères peuvent avoir besoin de rapatrier brusquement ces liquidités de façon à ne pas être en défaut de paiement dans leur pays d’origine.
Ainsi, après le 13 juillet, elles ont retiré 142 milliards de dollars au cours de ces 3 semaines de fortes turbulences dans la zone euro, derniers chiffres publiés au 3 août.

Ces mouvements de capitaux proviennent de big banks de la zone euro qui ont considérablement augmenté leurs dépôts auprès de la Fed depuis l’an dernier : ceux de Deutsche Bank sont passés de 178 millions de dollars au 30 juin 2010 à 66,8 milliards le 13 juillet 2011 et ceux des mécanos de la Générale de 55 millions à 24,6 milliards !

… ce qui signifie que les dirigeants de ces banques n’ont absolument pas du tout confiance dans l’euro : ils préfèrent placer des dizaines de milliards en dollars aux Etats-Unis à un taux proche de zéro plutôt que de prendre le risque de les placer à un taux plus élevé en un euro qui risque de sombrer d’un moment à l’autre.

Bien entendu, ces problèmes ne préoccupent pas (officiellement) les autorités de la zone euro et encore moins les heureux Euro-zonards inconscients…

Une fois de plus, quand une banque ne respecte pas les règles prudentielles d’endettement (un multiple µ ou leverage supérieur à 10) cela signifie toujours que quelque chose ne va pas quelque part.
Tout est simple

Cliquer ici pour lire cet article du Wall Street Journal et cliquer ici pour voir le bilan de la Fed.

7 réflexions sur “Big bang des big banks”

  1. Merci pour cet excellent article d’investigation, une fois de plus !

    L’article du WSJ semble indiquer que la position (énorme) en dollar construite par les filiales US de banques européennes a été engendrée par le QE2.

    Ce qui, en langage clair, indique que les dites filiales auraient réduit massivement leur portefeuilles de treasuries US en échange de cash. Ce cash étant ensuite placé en dépôt au passif de la FED.

    Je me demande, c’est une supposition, si cette vente massive, n’avait pas pour unique objectif effectivement de récupérer des liquidités aux US, en US dollar (denrée rare en eurozone, dont la rareté est uniquement masquée par les accords de swap entre Fed et BCE).

    De fait, il ne s’agirait pas d’un flux d’euros venant de l’EZ convertis en dollars, mais plutôt d’une liquidation d’actifs des filiales US de banques européennes permettant de rapatrier en urgence du cash en $.

    D’où l’inquiétude des dirigeants de la Fed, de voir le produit de cette liquidation se faire « siphonner » par les banques européennes (les 750 milliards restants), ce qui mettrait la Fed dans le besoin de rééquilibrer son bilan par de l’argent réel (commencer à revendre ses treasuries acquis pendant QE2 ?). Sans compter que ce rapatriement de cash, serait dollar négatif sur le taux de change eurusd, le dollar pourrait retourner vers les 1,60 ?

    Quelle autre solution aurait-elle (la fed) ? Mettre une contrepartie scripturale au passif sans sous-jacent réel ? Je doute que Bernanke survive à cela.

    A l’inverse, la Fed pourrait demander à ses banques US de vendre toutes les obligs d’états européens en représaille, afin de rapatrier l’équivalent en liquidité, dans une politique de « chacun chez soi », mais aussi afin d’éviter un effondrement du dollar.

    Peut-être est-ce la raison de ces meetings avec les banques européennes tenus avec les gens de la Fed.  » Si vous rapatriez tout, nous aussi ».

    Si c’est fait de manière ordonnée et progressive, cela aura pour effet d’étanchéiser les risques.

  2. Le naufrage de la zone euro va continuer.

    Dimanche 21 août 2011 :

    Economie : pour Angela Merkel, les euro-obligations ne sont pas la solution.

    Les euro-obligations ne sont pas la réponse à la crise de la dette dans la zone euro, a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel.

    «Les euro-obligations sont tout à fait la mauvaise réponse à la crise du moment», a-t-elle dit, dans un entretien à la chaîne ZDF qui doit être diffusé dimanche 21 août.

    «Elles nous amèneraient à une union de la dette, et non à une union de la stabilité».

    L’émission d’euro-obligations coûterait des milliards d’euros à l’Allemagne chaque année, selon des calculs du ministère allemand des Finances cités par l’hebdomadaire Der Spiegel.

    «La première année cela signifierait 2,5 milliards d’euros d’intérêts en plus pour le budget du ministre des Finances Wolfgang Schaüble, et la seconde année les coûts seraient deux fois plus élevés», écrit Der Spiegel dans des extraits de son enquête transmis à la presse.

    Au bout de dix ans, le coût total serait de 20 à 25 milliards d’euros, selon les calculs du ministère des Finances.

    Un ministre des Finances européen ?

    Schäuble se dit pour sa part personnellement disposé à transférer la souveraineté nationale à Bruxelles pour assurer la stabilité de la zone euro sur le long terme, mais il a ajouté que la zone euro elle-même n’était pas prête à cette éventualité.

    «En tant que personne, Wolfgang Schäuble serait déjà prêt à déléguer la souveraineté à Bruxelles. L’idée d’un ministre des Finances européen ne me pose aucun problème», dit-il, dans un entretien publié dimanche par le Welt am Sonntag.

    «Mais en tant que ministre des Finances, je dis qu’il est de notre devoir de résoudre les problèmes ici et maintenant, et ce le plus rapidement possible sur la base des contrats existants».

    Cette idée d’un ministre des Finances européen est notamment préconisée par le président du directoire de la Commerzbank Martin Blessing, dans un entretien au Welt am Sonntag.

    «Avec l’instauration d’une union budgétaire, Bruxelles doit avoir le droit de reprendre des prérogatives budgétaires à des pays qui ne respectent pas les règles, ainsi que re prélever ses propres impôts et de créer un organisme commun pour émettre des emprunts», dit-il.

    La France et l’Allemagne sont farouchement opposées à l’idée d’émettre des emprunts pour le compte de l’ensemble de la zone euro, comme le prônent beaucoup de professionnels des marchés pour mettre un terme à la crise de la dette souveraine européenne.

    (Dépêche Reuters)

  3. Bonjour,

    Je lis votre site depuis une semaine et Si je comprends bien car je faisais partie de ces « heureux Euro-zonards inconscients » le but des US sera de ramener l’Euro à la parité avec l’USD.
    Est ce exact?

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